Bonjour à vous.
Quand vous parlez d'"extrémistes des deux bords", côté pro-ours, vous pensez à quoi , vous pensez à qui ? Y avez vous vu ou entendu des "extrémistes" ?
Je pose la question en toute simplicité et par réelle curiosité : je voudrais savoir, pour des personnes ouvertes et tolérantes telles que vous me semblez l'être, si vous avez vu ou entendu des "ultras" pro-ours et où vous situez la frontière.
Pour ma part, 20 ans que je me penche sur l'ours des Pyrénées, parfois en dillettante, parfois avec plus d'assiduité.
Voilà où se trouve la solution médiane selon ce que j'observe et ce que j'attends des uns et des autres :
Poursuivons ces lâchers jusqu'à ce que le nombre de 5 ours soit atteint et vérifions quel impact ça a sur la santé de la population d'ours et sur les activités humaines.
On pourra toujours réajuster après, que ce soit en augmentant le nombre d'ours ou en le diminuant si les problèmes évoqués se posent réellement de manière aussi cataclysmique que ce que les antis annoncent (à tort à mon avis, sauf s'ils font dans la "prophétie auto-réalisatrice" : je te dis que le pire va arriver ... et je fais tout pour qu'il se produise en te disant ensuite "tu as vu , Je t'avais prévenu !", un peu comme les USA pour le "choc des civilisations" qu'ils envisagent entre l'occident et l'orient musulman... sans bien sûr n'y avoir joué aucun rôle pour que la prophétie se réalise...aucun rôle, promis, juré!).
Je pense que la solution médiane pour l'ours et les Pyrénées est là , car :
- le moratoire d'un an a déjà eu lieu lorsqu'Ollin a succédée à Lepeltier en retardant les lâchers d'une année pour "prendre connaissance du dossier" (qui était déjà prêt). Ceci a malheureusement laissé aux antis la possibilité de s'organiser pour saisir l'ours comme un outil pour faire monter la pression vis à vis de l'Etat au sujet des aides globales au pastoralisme... Les réseaux de la chasse extrême (CPNT) et du lobby agricole se sont structurés dans une suranchère incroyable et irrationnelle contre l'ours pour qui connait le sujet.
- les derniers lâchers datent de 10 ans. Il est plus que temps de continuer. D'une part, c'est un retour d'expérience intéressant (on a la preuve que les ours slovènes et leur descendance se comportent exactement comme les ours pyrénéens autochtones. Les cartes de répartitions passées, des uns, se superposent avec un étonnante similarité avec celle des autres ! Les comportements sont absolument les mêmes ).
D'autre part, on a la preuve scientifique que sans lâcher supplémentaire, l'ours disparait des Pyrénées sous peu...
- un moratoire actuel, ce serait avancer vers les élections de 2007 et 2008, donc il n'y aurait rien jusqu'en 2008, c'est certain. Ensuite, il faudrait attendre que les dossiers soient à nouveau montés ... ça ramène facilement à 2010.
Or, l'ours peut difficilement attendre aussi longtemps : il va réellement disparaitre.
En plus, chaque année qui passe, c'est l'habitude de vivre avec l'ours qui disparait chez les éleveurs et chez les pyrénéens en général. C'est la culture de la cohabitation qui s'effiloche jusqu'à disparaître elle aussi.
-enfin, il faut souligner que le plan actuel (5 ours) est bien en deça de celui proposé par Lepeltier un an plus tôt et qui prévoyait de doubler la population d'ours en 3 ans (c'est à dire d'ici 2007 à l'époque).
Il ne s'agit là que de 5 ours... et comme le dit la ministre, ils ne font que compenser ceux qui ont été détruits par l'homme ces dernières années...
On a laissé disparaître la souche pyrénéenne de l'ours brun avec l'abattage de "Cannelle", pendant des années, on a attendu, attendu, temporisé, tergiversé, l'IPHB de Jean Lassalle est devenue spécialiste en la matière... jusqu'à passer de 6-7 ours en 1994 (année de création de l'IPHB) à 2 aujourd'hui ... et seulement 2 mâles !
Voilà ce que c'est l'attente pour nous ... voilà ce que c'est d'avoir fait confiance aux réseaux agricoles, aux éleveurs, aux chasseurs etc...
On porte tous la croix de cet échec face à nos enfants : on a fait confiance... et on s'est fait avoir sur toute la ligne. 11 ans de "concertation", voilà ce que ce fut ... poour aboutir ce 1er novembre 2004 à la fin définitive des ours autochtones...
On ne peut plus se payer le luxe de faire encore attendre l'ours parceque certains l'instrumentalisent à des fins poilitiques et, pire, électoraliste, ou bien parceque certains syndicats agricoles ont besoin de casser de l'ours pour que leurs élections agricoles de janvier prochain se passent bien, ou pour négocier au mieux un plan national de soutien du pastoralisme pyrénéen qui va bientôt être diffusé.
On ne me fera jamais croire que les oppositions à l'ours sont réellemnt dûes aux moins de 1% de pertes annuelles sur le cheptel pyrénéen.
C'était donc des éclaircissement pour essayer de définir ce que peut être une "solution médiane".
Mais... je crois aussi que tant qu'en face on refuse les moyens de protection par principe, on n'avancera pas d'un iota.
Peut-être l'arrivée plus sérieuse (et naturelle) du loup, aidera-t-elle à comprendre combien les éleveurs ont intérêt à se préparer aux mesures de protection en se faisant la main avec l'ours... et en l'acceptant puisque la société le souhaite si fortement.
Pas de Pyrénées sans ours
C'est le risque si on ne fait rien ! Et on ne peut pas dire qu'on ne savait pas comme les béarnais dans les années 90 lorsqu'ils se sont aperçus avec stupéfaction qu'il ne restait qu'UNE femelle des ours autochtones : Cannelle ... et que seuls des lâchers pouvaient désormais briser ce que Gérard Caussimont (qui a toujours tant fait pour les éleveurs et les bergers) qualifie de "spirale de la mort".
Bonne réflexion