Oui, je maintiens l'Ode à l'Adet pour le titre de la thèse.
On peut très bien passer 8 années à faire de grandes études et emmagasiner de nombreuses connaissances purement théoriques et ne pas connaître (comme souvent) pour autant les réalités du "terrain".
Un exemple, page 581:
Code:
La tendance actuelle est à l’abandon du gardiennage et à l’accroissement de la taille
moyenne des troupeaux. Mais cette recherche de rentabilité se fait dans le cadre de système
de « ranching » aux traits parfois autant intensifs qu’extensifs. Hormis dans certains secteurs
alpins, les éleveurs ont été amenés à se détacher, ainsi que leur troupeau, du territoire-terroir.
En premier lieu, ce détachement prend la forme de l’absence prolongée de la présence
humaine sur l’estive. Ensuite, les zones de montagne n’ont pas échappé à la « céréalisation »
de l’élevage. Depuis les années 1990, les éleveurs ont été encouragés à intégrer davantage de
céréales dans l’alimentation de leurs bêtes (Poux, 2004). Les céréales sont produites en
plaine et proviennent parfois d’autres régions. [b]Ces aliments, souvent sous forme industrielle,
ont eu pour conséquence de détourner l’éleveur de l’exploitation optimale de l’espace du
saltus, à savoir les parcours, prairies et estives. Faute de main d’œuvre, la culture locale de
fourrage sur ces espaces recule. Au mieux, ils servent à « soulager » l’exploitation en y
lâchant les brebis, sans surveillance serrée, au moment où elles ne sont pas productives soit
parce qu’elles sont taries, soit parce que l’engraissement des agneaux se passe en stabulation.[/b]
Là , il a tout faux: je peux citer 2 vallées en exemple, le Val d'Azun et le "Pays Toy".
Comment ça se passe?
eh bien, justement, la moindre parcelle est exploitée, chaque cm2 de prairie de fauche est utilisée afin de constituer les réserves hivernales (foin, regain, 3ème coupe) pendant que les troupeaux profitent des estives. Certaines parcelles sont même défrichées et réouvertes pour permettre d'obtenir une quantité supérieure de fourrage. Après la dernière fauche, le restant d'herbe ayant repoussé en début d'automne servira à effectuer la transition au retour d'estive avant l'entrée en bâtiments d'élevage pour l'hiver.
Les parcelles qui ne sont pas fauchées sont utilisées pour la production de maïs d'ensilage.
L'exploitation de ces terres "valléennes" est donc optimum et poussée au maximum!
La mise en estive a donc ici 3 fonctions:
-dégager du temps à l'agriculteur pour effectuer les travaux de fauche, le défrichage, le débroussaillement, la remise en état des clôtures, des outils agricoles, des bâtiments (avec des travaux de mises aux normes en supplément) sans oublier la transformation laitière et la vente directe.
-ne pas laisser les troupeaux pacager sur ces mêmes prairies de fauche et donc anihiler les réserves.
-apporter aux troupeaux une nourriture diversifiée et de bien meilleure qualité avec les paturages d'altitude: exemple la réglisse sauvage, qui va jouer sur la qualité et les arômes du lait et donc des fromages.
un autre exemple page 582:
Citation:
Pour les éleveurs n’ayant pas les moyens de financer un berger ou désireux de garder eux-mêmes leurs troupeaux, d’importants financements ont été dégagés. Le système semble le plus performant dans les Pyrénées en zone à ours. Même s’il reste beaucoup à faire, les modèles de développement ayant tendance à faire disparaître les hommes des estives ont été en quelque sorte sanctionnés par le retour des prédateurs.
Encore une vallée pour laquelle je peux parler, le Val d'Azun.
Sur une seule commune de la vallée, près de 30 troupeaux ovins utilisent ses estives soit près de 5000 bêtes.
Ces troupeaux estivent sur 15 secteurs différents. Aucun regroupement, du fait du relatif éloignement des secteurs ou de la nature du terrain (barrières rocheuses, ravins) n'est possible entre les troupeaux de ces 15 secteurs.
Ce qui signifie qu'il faudrait donc employer 15 personnes pour la surveillance; si on écoute certains conseils soi-disant avisés, il faudrait aussi une surveillance nocturne, donc un humain normalement constitué devant dormir au moins 7 heures par nuit, il faut une seconde personne sur chaque secteur: ce qui nous amène à 30 personnes sur une seule commune, je le répète.
Cette commune ne dispose, grâce aux aides, que d'un seul "garde pastoral" chargé d'effectuer une surveillance sur l'ensemble des secteurs.
Comment donc peut-on financer 30 emplois? comptons en gros 10000€ par salarié pour 5 mois, on multiplie par 30 et ça nous donne...300000€! oui 300000€ pour surveiller les estives d'une seule commune!
Ajoutons à celà les préconisations de 3 patous par troupeau: 3x30=90 patous!
Quel prix pour un patou?
Ajoutons à celà les kilomètres de filets et clôtures de protection pour les 30 troupeaux?
Quel coût supplémentaire?
Il n'existe actuellement que 4 secteurs équipés de cabanes. Il faudrait donc construire 11 cabanes supplémentaires (aux normes en vigueur bien évidemment)!
Coût d'une cabane?
Et on nous parle d'argent public jeté par les fenêtres...
On voit bien que tout ça, ça fait joli écrit sur un bout de papier! mais aussi bien techniquement que financièrement, c'est irréalisable!
Et pas besoin de 8 ans d'études pour ça!