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MessagePosté: 25 Nov 2007 00:41 
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La cohabitation pyrénéenne entre l'ours et le pastoralisme invitée à l'exposition "Bêtes et Hommes"

Dans le cadre de l'exposition "Bêtes et Hommes" qui a lieu jusqu'au 20 janvier 2008 à la Grande Halle de La Villette à Paris, une table ronde sur le thème de "l'animal enrôlé" était organisée samedi 17 novembre et illustrée par "le cas pyrénéen où l'ours devient le porte-parole de chacun des groupes en présence, bergers, éleveurs, touristes..."

Rouchdy KBAIER, actuel directeur du Parc National des Pyrénées était censé y présenter "les enjeux du conflit autour de l'ours" mais la grève des transports a eu raison de sa présence.

Par contre, aiguillonnés par le sociologue et professeur Bruno LATOUR, Bernard SOUBERBIELLE, éleveur et maire de Betpouey en pays Toy et Gilles CHABANNIER, berger et éleveur en Béarn, ont exposé leur point de vue et échangé avec la salle, en présence de Viviane DESPRET, commissaire scientifique de l'exposition et animatrice de cette table ronde. Une cinquantaine de personnes avaient fait le déplacement pour assister au débat, faible affluence certainement liée à la grève nationale.


Pour Bernard SOUBERBIELLE, la cohabitation avec l'ours est impossible. L'essentiel de son argumentaire tient en ces deux mots. C'est l'homme ou l'ours. C'est le pastoralisme facteur de biodiversité ou l'ensauvagement. C'est un peu le monde à l'envers : l'ours en enclos et les animaux domestiques en liberté. Cet éleveur, a longuement expliqué à quel point il était difficile de faire face à la pénurie d'hommes pour maintenir une exploitation agricole en vie. C'est chose vraie, avec ou sans l'ours, assurément. Malheureusement, comme dans le film sur l'ours "Va-nu pied des Pyrénées", réalisé spécialement pour l'exposition et où cet éleveur aligne un certain nombre de grossières erreurs voire de mensonges sur l'ours (analyse détaillée ci-dessous), le public a eu droit ensuite à un couplet narquois sur ces gens qui font du tourisme de nature autour de l'ours "sans jamais en voir" ou sur ces malheureux ours de Slovénie "déportés" dans les Pyrénées ainsi que sur les enfants qui pleurent lorsque l'ours attaque une brebis. La tentative de susciter des larmes sélectives chez le public parisien était bien nette. Rien par contre sur les enfants qui pleurent parcequ'ils risquent de trouver bientôt des Pyrénées dont les forêts auront été vidées de ce qui fait l'âme de ces montagne : l'ours. Rien non plus sur les larmes des enfants qui ont vu de leurs yeux les violences anti-ours à Arbas le 1er avril 2006 se déchaîner sur les murs même de leur école, ou sur ceux qui pleurent encore "Canelle", la dernière ourse femelle originelle tombée sous les balles d'un chasseur le 1er novembre 2004 à Urdos en vallée d'Aspe...

Tous ces méfaits, Bernard SOUBERBIELLE, membre actif de l'association anti-ours ASPP 65 (fédérée par l'ADDIP de Philippe LACUBE) des Hautes Pyrénées, les connaît pourtant parfaitement. Mais pour lui, les Pyrénées doivent devenir coûte que coûte des montagnes sans ours comme en témoigne ces extrait de la Dépêche du Midi du 2 mai 2006 : «Pour nous, le but c’est que l’ours reparte chez lui» ajoute le maire de Betpouey (Hautes-Pyrénées). En guise d’avertissement, il rappelle : «La montagne, c’est notre terrain de jeu.».

La femelle "Franska" a malheureusement fait les frais de ce genre de discours et des actes peu glorieux qu'il a engendré.


Au contraire, le berger et éleveur Gilles CHABANNIER a calmement expliqué combien pour lui l'ours fait partie intégrante de ces montagnes et doit de ce fait être respecté dans son existence comme la totalité du milieu naturel où cet éleveur emmène ses bêtes transhumer chaque été. Lui cohabite avec l'ours, met en place depuis toujours les mesures de protection qui fonctionnent bien et qui sont d'une efficacité redoutable contre les attaques de l'ours et autres chiens errants. Cet éleveur est aussi le premier a avoir "élevé" le fromage de brebis des Pyrénées "Pé Descaous" dans les années 80, avec un empreinte de patte d'ours sur la croute pour marquer la qualité d'un produit fabriqué en estive dans une démarche de développement durable où le berger et l'éleveur acceptent la présence de l'ours. Gilles CHABANNIER et son exploitation sont la preuve que non seulement l'ours a une place dans les Pyrénées, mais que l'animal ne prend en aucun cas la place de l'homme, bien au contraire justement : davantage d'ours, c'est davantage de bergers donc davantage de présence humaine dans des montagnes à la fois sauvages (la nature) et vivante (l'homme).Contrairement à Bernard SOUBERBIELLE, Gilles CHABANNIER est présent auprès de ses bêtes tout au long de l'estive.

Avec ce type de pratiques, on sort enfin du débat manichéen un peu infantilisant auquel les "ultrapastoraux" cherchent à nous habituer : "c'est ou l'ours ou moi!".


Un débat ouvert avec la salle a suivi. Plusieurs personne avaient fait le voyage depuis les Pyrénées (malgré les grèves) et d'authentiques connaisseurs de la montagne et de la problématique de l'ours ont pu s'exprimer. Ils ont accepté de retranscrire ici leur intervention :


La première prise de parole fut celle d'un habitué du pastoralisme (lui même berger transhumant plusieurs années d'affilée et spécialiste de l'ours actuellement chargé de son suivi pour ce qui est de la recherche d'indices de présence) :

"Il s'agissait pour moi de répondre sur plusieur terrains erronnés tel que : " une montagne pas si sauvage que celà" ; "l'ours et les hommes ont été trompés" ; "l'ours a été trompé car enlevé de chez lui pour le mettre dans un biotope qui n'existe pas" ...

J'évoquais aussi le dernier voyage de l'ours Papillon, pyrénéen parmi les pyrénéens, qui est venu terminer sa vie en Pays Toy... parcourant une quarantaine de km , il se trouva dans un nouveau territoire où les pratiques pastorales sont très différentes de ce qu'il connaissait en Ossau et en Aspe, par conséquent il modifia son comportement ( attaque et capture de brebis fréquentes puisque les troupeaux n'y sont pas gardés d'aussi près qu'en Béarn ). A ce moment du printemps 2003 personne ne pouvait imaginer que c'était Papillon on pensait à l'ours "Luz". Sa présence dans la vallée de Luz, Hautacam, Barrège atteste bien la richesse de ces milieux des Hautes Pyrénées, bien loin de l'image de la citadelle assiégée qui voudrait être évoquée par Bernard Soubervielle quand il évoque le Pays Toy. Dire que le biotope pyrénéen n'est plus celui de l'ours est faux.

Par ailleurs l'activité pastorale n'est pas seule responsable de la notion de biodiversité. on connait trop dans l' histoire sa responsabilité dans la disparition de l'étage subalpin et notamment de l'étage du Pin à crochet et de la chute des populations de Grand Tétras qui fut consécutive.

Enfin j'ai évoqué également la confusion à vouloir rendre responsable l'ours de la régression de l'activité pastorale, là où précisément cette régréssion à été amorcée avec la guerre 14 -18 (hémoragie de population masculine) puis par les conséquences du plan Marschall (l'industrialisation a vidée les campagnes) et la politique de la PAC ( seules les plus solides ont pu résister). Jusqu'à preuve du contraire, l'ours n'est pas responsable des peripéties historiques de l'humanité !"


Ces quelques mots justes ont eu le mérite d'apporter des informations supplémentaires au public tout comme cet autre intevenant se déclarant lui aussi venu de loin pour ce débat et "simple adhérent de base de plusieurs associations de protection de la nature qui oeuvrent pour des Pyrénées AVEC l'ours" :


"J'ai voulu dire surtout qu'il faut en finir avec l'idée que les lâchers de 2006 ont été faits en dépit du bon sens par des apprentis sorciers : au contraire, tout a été pesé et réfléchi comme ça a rarement été le cas pour d'autres opérations de restauration de la nature.

Il ya d'abord un élément incontournable : on ne partait pas de rien, loin de là puisqu'il y a eu les lâchers de 1996 et 1997 qui à eux seuls, avec trois ours lâchés ont donné 15 ours aux Pyrénées sur les 20 actuellement présents. C'est une preuve solide de leur adaptation à ces montagne.

J'ai aussi poussé un coup de gueule contre la tentative de nous faire pleurer sur les ours slovènes "déportés" alors que ces ours ont été décomptés d'un plan de chasse et que sans leur capture, ils auraient péri sous les balles en Slovénie.

J'ai aussi voulu signifier à Bernard SOUBERBIELLE que les anti-ours étaient responsables de la mort de l'ours Franska puisqu'ils ont annoncé plusieurs fois leur volonté de l'abattre et leur volonté de la repousser vers la plaine et vers la route. Chose qu'ils ont réussi à grands renforts de battues illégales. Je lui ai dit que j'étais "en colère" contre eux, contre ces pratiques directes contre l'ours en plein XXIème siècle, comme contre les pratiques qui pèsent sur ceux qui défendent des Pyrénées avec l'ours : village saccagé, pneux crevés, pare-brise défoncés, signalétique détruite, vols, intimidations... Et puis j'ai souligné qu'on ne peut laisser croire au public qu'on est favorable au bien être des ours "déportés" alors que Franska avait 40 plombs de chasse dans le corps.

Ensuite, j'ai précisé que l'ours allait disparaître des Pyrénées si l'on ne faisait rien en expliquant que les lâchers de 2006 étaient basés en partie sur une étude de 2003 (celle de CHAPRON) qui préconisait de lâcher au moins 11 ours dans les 10 ans sous peine d'assister à l'extinction de l'espèce en quelques décennies. Laisser les ours dans cet état (seuls 3 ont été lâchés sur les 11 nécessaires), c'est faire une croix définitive sur l'ours des Pyrénées en quelques années. C'est une position d'éradication passive. On ne peut pas dire qu'on ne sait pas."


La parole a ensuite de nouveau été donnée aux invités de la table ronde, Bernard SOUBERBIELLE tentant de retourner à son compte les propos de la salle favorables à l'ours en déclarant que pour une population d'ours viable, il na fallait pas 11 ours de plus mais 100 ! La méthode de l'affolement général était une fois de plus tentée quand les défenseurs de l'ours, plus modérés, ne proposent qu'un augmentation graduelle du nombre d'ours, au mois pour commencer par dépasser le seuil de l'extinction.


Face à ce blocage, le sociologue Bruno LATOUR a tenté d'aiguillonner les invités pyrénéens en leur demandant de façon insistante ... "Mais où est la solution ? Comment faire ?"

Or, la solution existe et elle est incarnée par Gilles CHABANNIER ! C'est ce qu'a voulu expliquer l'intervenant précédent dans la salle, reprenant ses arguments. Voilà ce qu'il dit de sa seconde prise de parole :


"La solution que Bruno LATOUR appelait semble-t-il en vain à plusieurs reprises pendant la table ronde sautait pourtant aux yeux : la solution, c'est tout simplement qu'il n'y ait pas d'ours dans les troupeaux ! Gilles CHABANNIER ne souhaite pas plus que d'autres que ses brebis soient croquées par l'ours ! Simplement, il sait s'organiser pour éviter au maximum que l'ours ne vienne lui en prendre.

Il met en place des mesures qui existent et sont financées par l'Etat.

La solution est humaine, technique et financière.

Un étude a montré que la seule présence des chiens patous peur faire baisser sur un troupeau les prédations de 90 % ! Et puis, il y a deux autres mesures : le regroupement nocturne du troupeau et ... évidemment, la présence effective du berger.

J'ai expliqué au public que j'ai vu de mes yeux un troupeau "en transition" : j'ai vu en trois jours la mise en place des mesures de protection. Tout le monde y a gagné, brebis, chiens et berger. Et les brebis ne mangeaint pas moins comme on le prétend ! En plus, les risques de vol et de prédations autres que celles de l'ours étaient désormais jugulées.

Ces mesures peuvent être appliqués à un maximum d'estives.

Demandez des aides complémentaires pour ces mesures de cohabitation avec l'ours, battez vous pour avoir des bergers plutôt que vous en prendre à l'ours et à ses défenseurs. "



A propos des patous, Bernard SOUBERBIELLE a à nouveau agité la méthode de l'affolement général en expliquant que ce chien risquait de s'en prendre aux randonneurs ! L'argument n'est pas très fin car il impliquerait que la randonnée en souffre en Béarn où les patous sont dans chaque troupeau depuis une éternité ! Un autre argument de cet éleveur a été de dire qu'un berger est bien monté une fois dans la cabane, mais qu'il a pris peur de l'ours au bout de trois jours et qu'il est donc redescendu ! Quel aveu de mauvaise volonté.


Quelques prises de paroles ont suivi comme, celle, stupéfiante, d'un homme qui expliquait au public que le retour de l'ours n'était pas souhaitable car c'était un "retour en arrière" ! Il transmettait à Bernard SOUBERBIELLE la nécessité de "quadriller le territoire" pour pouvoir rester maître chez soi. Mais cette intervention musclée sous couvert de préciosité verbale, a suscité beaucoup de remous parmi le public à cause de ses relents guerriers.


Viviane DESPRET a alors essayé de synthétiser le débat qui avait évolué a-t-elle dit, et qui revenait maintenant, à se poser la question suivante, et elle l'a posée à ses deux invités : "En somme, l'ours a-t-il le droit de vous imposer une manière de travailler ?"

La commissaire scientifique de l'exposition a ensuite choisi de donner une dernière fois la parole au public et une personne a souhaité faire une mise au point historique :


"A l'interrogation du sociologue et professeur Bruno Latour sur le refus de l'ours par certains éleveurs, et à propos du soi-disant "retour en arrière" que constituerait l'ours, je suis intervenu pour rappeler, qu'en 1954, le docteur Couturier estimait la population d'ours à environ 70, et qu'à la fin du XIXè siècle, la population d'habitants sur la chaîne pyrénéenne était deux fois plus importante qu'à l'heure actuelle, la montagne était cultivée jusqu'à 2 000 mètres d'altitude et la population d'ours était probablement supérieure à 100 individus (mais aucune étude ne peut le confirmer à ce jour). Il y a de la place pour l'homme et pour l'ours.

Depuis 150 ans, aucune attaque d'ours sur l'homme dans les Pyrénées n'a été rapportée. Par contre, 3 rencontres avec des chasseurs ont été fatales ces dernières années à 3 ourses (Claude, Mellba et Cannelle)."



Vers la fin du débat, un membre du public est intervenu pour apporter sa conclusion tout en restant dans le sujet de "l'animal enrôlé" : il a informé le public de la soutenance de thèse de doctorat de Farid BENHAMOU, chercheur à l'ENGREF, jeudi 22 novembre 2007 à 8h30 au CIRED, autour du titre : "Crier au loup pour avoir la peau de l’ours : une géopolitique locale de l’environnement à travers la gestion et la conservation des grands prédateurs en France".


Pour clôturer la séance, deux membres du public dont les interventions ont été retranscrites ci-dessus ont diffusé un document intitulé "OURS, 10 erreurs fréquentes" avec deux feuillets insérés comportant l'un des communiqués d'actualité, l'autre des "paroles de bergers et d'éleveurs pyrénéens cohabitant avec l'ours".


De manière globale, cette table ronde autour de l'ours a certainement fait avancer un meilleure compréhension de ce que la cohabitation pyrénéenne de l'homme avec l'ours peut signifier, de ce que sont vraiment les anti-ours avec leurs stratégies et leur position d'éradication passive ou active de l'ours, et de ce que souhaitent les défenseurs des "Pyrénées avec l'ours" : tout simplement que cet animal qui fait partie du patrimoine naturel et culturel pyrénéen puisse continuer d'exister durablement dans nos montagnes, rien de plus et rien de moins.

Patrick PAPPOLA


Voilà ci-dessous une version commentée et analysée des propos tenus par l'éleveur anti-ours Bernard SOUBERBIELLE dans un extrait du film documentaire de 52 minutes "Va-nu pieds des Pyrénées" de Jacques KEBADIAN, Yolande BACOT et Catherine MARIETTE, co-produit par la Parc de La Vilette et Gédéon et visible sur le DVD de l'exposition "Bêtes et hommes" :

<<C'est gonflant ça quand on dit le biotope de l'ours c'est les Pyrénées.

Et pourtant le cas, toutes les études le prouvent, le bon sens aussi : les ours slovènes lâchés en 96-97 se sont bien reproduis et ils sont 15 aujourd'hui. Pour un biotope défaillant, c'est tout simplement excellent !

Non, il y est, oui, certes puisque l'ours il a vécu ici, et encore, pas dans le Pays Toy : dans le Pays Toy, il y était que de passage.

Pourtant, c'est le pays Toy que le vieux mâle Papillon a choisi en 2003. Dans l'histoire de la chasse à l'ours, si on parcourt l'ouvrage du docteur Couturier, on constate que des ours ont été tués en Pays Toy jusqu'aux années 50 (à Barèges par exemple).

De toute façon, l'ours connait son biotope. S'il y avait moins d'ours en Pays Toy, ce sera pareil avec les ours à venir : les secteurs fréquentés par les anciens ours pyrénéens et par ceux d'origine slovène de 1996-1997 se sont étonnemment superposés !


Il vivait beaucoup plus en Ariège, en Val d'Azun. Mais ce biotope, eh ben, il existe plus : parcequ'il est exploité par toute une économie.

C'est aussi le cas dans les parties pyrénéenne que l'ours n'a jamais abandonné : ours et économies vivent sur le même territoire. Même chose en Slovénie car les secteurs fréquentés par l'ours sont loin d'être des pans de nature vierge. On y trouve des voies decirculation nombreuses, des sites touristiques, des activités agricoles ... et des centaines d'ours !

Donc, il va falloir faire des choix, quoi, si on veut protéger l'ours, il faudra interdire... Toute façon, c'est prévu dans les texte hein, quelque part, il y aura un jour ou l'autre, interdiction de toute activité. tout ce qui dérange l'ours, ce sera une interdiction, ça c'est clair.

Là, on entre dans le registre du fantasme pur et simple. Aucun "texte" n'a jamais prévu cela !

Donc après, les citadins... Oh, certainement qu'on s'organisera, euh, à peu près à une zone 900-1000 mètres d'altitude, on sacrifiera, euh, certainement une dizaine d'hectares qu'on clôturera et là, on remettre peut-être la vie d'autrefois, c'est à dire qu'il y aura, euh.... le thème de l'hiver, le thème du printemps, le thème de l'automne, et le thème de l'été.

Et on ne sort plus de ce fantasme folklorique ...

Ca, c'est certain. et là, et mais en plus, pour aller se promener, ici, c'est gratuit, mais ce jour là, eh bien, il faudra payer.

Aucun endroit fréquenté par l'ours des Pyrénées n'est devenu payant. Le fantasme prend une nouvelle dimension. Jamais il n'a été question de rendre des sites payants du fait de la présence d'ours !

Alors on vous parle aussi de concertation, mais moi, le seul qui m'a concerté sur la commune, en fait, ce n'est ni le Président de la République, ni le ministre de l'écologie de l'époque, ni Monsieur le DIREN de Toulouse, ni tous les écolos du canton : c'est l'ours, tout simplement.

Il y a eu plus de 50 réunions de concertation pour préparer ces lâchers. Eleveurs et élus locaux anti-ours ont choisi de les boycotter ou bien de les saboter en venant y faire des vacarmes incessants...

Il est venu dans ma commune et il a bouffé 12 brebis. Voilà, et il m'a dit "maintenant, je suis là". Et attention : le lendemain, ma commune, elle était classé "zone ours". Ah, j'ai dit "bravo", j'ai dit "merci beaucoup" du cadeau.

Donc c'est un peu là que notre combat... ben de toute façon, on est toujours engagés et on n'a pas changé notre point de vue, quoi.

Effectivement, la position reste butée et revient à l'éradication passive de l'ours (obliger le gouvernement à ne plus rien faire pour rendre la population viable) ou même, éradication active comme l'a prouvée l'affaire de Franska...

Notre éleveur Toy parle de "combat" : il est membre de l'association anti-ours des Hautes Pyrénées : l' ASPP 65, fédérée par l'ADDIP de Philippe LACUBE. Bernard Souberbielle a tenu les propos suivants ainsi exposés par la Dépêche du Midi du 2 mai 2006 : «Pour nous, le but c’est que l’ours reparte chez lui» ajoute le maire de Betpouey (Hautes-Pyrénées). En guise d’avertissement, il rappelle : «La montagne, c’est notre terrain de jeu.».

Et on n'a toujours pas eu de concertation.

La seule "concertation" que les anti-ours accepteraient puisque plus de 50 réunions sur ce thème ont déjà eu lieu, c'est une concertation qui serait la chambre d'enregistrement de leur volonté d'éradiquer l'ours. Là, ils seraient enfin satisfaits de cette excellente manière de "concerter".

C'est vrai que ... si ! La concertation elle a été faite avec les communes, les communes qui sont devenurs pro-ours, bizarrement.

C'est faux, la concertation a concerné la totalité du massif pyrénéen.

Mais quand on étudie un peu ces communes, on comprend. Bagnères de Bigorre, Bagnères de Luchon, villes touristiques, villes citadines, pas de montagne, je suis désolé, c'est quand même des villes qui rassemblent plus de 4000 personnes, c'est des villes touristiques, qui gèrent des stations de ski, du thermalisme, donc vraiment, l'idée de l'ours, pour eux, elle est bonne !

Et Arbas ? et Burgalays ? Et la dizaine de communes de l'ADET ? Ni seulement touristiques, ni thermales uniquement, mais bien montagnardes !

Et puis... en Pays Toy, le poids du pastoralisme n'est-il pas sur-évalué quand on sait l'importance des stations de ski et du plus grand barrage hydro-électrique de France avec EDF ?

C'est une agriculture de haute montagne, ça n'a rien à voir avec ce qu'on peut en définir en plaine.C'est très très dur, très pentu comme vous le voyez. Ici, on a 6 mois d'hiver, ici, dans cette zone ici, vous avez en cumul de neige près de 2 mètres de neige, c'est très très dur. C'est aussi une agriculture très très très fragile parceque si on casse un maillon de la chaîne, tout peut se casser la gueule car on a de très petits revenus, mais de gros investissements puisque la main d'oeuvre, elle y est plus puisque moi, dans ma famille, je me rappelle, on était 7 à travailler les mêmes parcelles que je travaille aujourd'hui seul. Donc il a fallu compenser par du matériel, du matériel qui coûte cher et ... c'est pas évident à faire tout ça, quoi...

L'ours n'y est strictement pour rien ! Ceux qui cohabitent avec l'ours connaissent les mêmes problèmes.

Là-bas, voyez ce bosquet, là, ce sont des granges qu'il ya derrière, on voit des... de la pierre. Ce sont des granges qui ont été détruites par des avalanches. Et ... les prés de fauche étaient au-dessus de ces granges là. Et euh... il y a une vingtaine d'année, c'était encore tout fauché quoi. Et nous étions ici, que sur ce plateau, une douzaine d'agriculteurs et nous ne sommes aujourd'hui... que trois. Alors on fait tout, pas pour retravailler ces parcelles là parceque c'est pour nous mission impossible, mais elles sont paccagées donc entretenues, mais au moins, on fait tout pour que, on continue ce qui est fait à présent, que ça puisse perdurer dans les temps et qu'on retrouve ces paysages entretenus par l'homme assez longtemps.

Oui, les agriculteurs actuels ne parviennent plus à exploiter la totalité des terres de leurs aïeux. Dans cette mutation, l'ours encore une fois n'y est pour rien.

Si on a réussi ça, on a, j'appellerai ça de l'aménagement du territoire. Parcequ'aujourdh'ui, j'ai trop tendance à penser que c'est un déménagement du territoire. C'est vrai, c'est ce que je pense. Ha! ha!

Bon, on va aller remballer notre prairie avant qu'il pleuve.

A propos de territoire, les communes de l'ADET ont elle aussi un projet de territoire "ménagé" bâti sur la présence de l'ours qui valorise cet espace à la fois sauvage et humanisé.

Alors le, le problème de l'ours, moi, personnellement, je ne le comprends pas, à plusieurs titres. Euh, j'ai aujourd'hui aussi deux casquettes : je suis éleveur mais je suis aussi maire d'une commune avec une responsabilité derrière.

Bernard Souberbielle est maire de Betpouey dans les Hautes Pyrénées (65)

On vivait en harmonie avec cette nature pendant des siècles, sans prédateurs. Jamais, jamais il nous est venu à l'idée nous ici, de penser, tiens, on pourrait réintroduire l'ours ici parceque économiquement, comme on nous le dit, c'est bon.

On réintroduit avant tout l'ours pour lui assurer son simple droit de continuer à exister dans les Pyrénées. Par contre, ce qui est bon économiquement, c'est de pouvoir bénéficier des aides de l'Etat pour le pastoralisme, via l'ours... ou pas ! Et puis... l'enjeu réel c'est de s'ouvrir à la société qui veut sauver l'ours, sur le terrain, c'est bâtir avec l'ours ... où détruire et se replier sur soi en le rejetant.

La cohabitation entre l'ours et le mode de pastoralisme, c'est incohérent.

On peut pas faire cohabiter des renards dans un poulailler. Ca... Peut être que les scientifiques y réussiront... mais là, nous, on peut pas. Non, c'est, c'est... Je comprends pas

Ce qui est incohérent, c'est de faire des efforts pour élever des bêtes et d'accepter d'en perdre autant chaque année en estive parcequ'on refuse les mesures de protection. Car il ne s'agit pas seulement des pertes liées à l'ours, mais de toutes celles liées à une manque de soin que ces mesures permettent de limiter : bêtes malades, volées, prédations liées à d'autres animaux que l'ours, parasites mortels... causes qui tuent considérablement plus que l'ours !

Et pourtant, ça se passe plutôt très bien chez ceux qui choisissent de cohabiter en mettant en place les 3 mesures de protection : chien patou, regroupement du troupeau la nuit, berger présent.

L'enjeu ce n'est pas de mettre un renard dans le poulailler mais justement, d'empêcher à l'ours l'accès au "poulailler" ! C'est ce que font les chiens patous.


Et l'ours, dans nos montagnes, encore moins. Pour plusieurs raisons, la raison première, c'est que nos brebis et nos vaches, parceque l'ours peut s'attaquer aussi à des vaches ou a des petits veaux, ça c'est clair.

Euh, comme je vous l'expliquais tout à l'heure, ils sont en estive, mais il sont pas en liberté.

Faut savoir quand même qui si vous vous promenez en montagne pendant la nuit, vous allez remarquer une chose, c'est que les bêtes paccagent : elles mangent. Elles mangent la nuit et souvent, la journée, elles se reposent, parcequ'il fait plus frai et que... Ca c'est une première chose.

Les éleveurs qui cohabitent avec l'ours grâce aux mesures de protection précisent avec insistance que leurs bêtes mangent aussi bien qu'avant.

La seconde, on nous dit, l'ours, enfin, c'est quand même les gens de l'extérieur qui nous disent, "oui, il y a une cohabitation possible, euh ...il faut enfermer les brebis le soir et tout ça"...

Ce n'est pas l'"extérieur", ce sont des éleveurs et bergers pyrénéens !

Vous vous rendez compte, si on enferme ces bétails la nuit, en haute montagne ? Si y a une attaque, mais c'est pire encore, c'est pire parcequ'enfermés, ça veut dire des filets, si y a une attaque, ça veut dire qu'il va y avoir une casse pas possible. Ca c'est certain.

Ce n'est pas le cas sur les estives qui ont mis cette mesure en place.

D'enfermer le bétail aussi la nuit, ça fait que pendant la journée, il va paccager pas très loin de la zone où il doit être enfermé pendant la nuit. Donc il va pas monter : on trouve nous du bétail aujourd'hui à plus de 2600 mètres (1600?) d'altitude. S'il est clôturé, cette zone là ne sera plus entretenue.

C'est faux. Ce n'est pas la brebis qui jardine la montagne, c'est le berger qui mène le troupeau, la brebis n'est que sa "tondeuse". Lorsque le berger est présent, il mène les bêtes où elles n'ont pas envie d'aller : les zones de haute altitude par exemple et éventuellement, toutes celles qui risquent de s'embroussailler.


Ce qu'il faut préciser, c'est que, dans d'autres vallées, il font de l'élevage mais euh... ils tirent le lait à leurs animaux, et surtout aux brebis. Donc ces animaux sont parqués tous les soirs pour tirer le lait. Donc il y a un berger qui reste sur place.

Mais de nombreux éleveurs de races non laitières mais à viande ont mis ces mesures en place avec succès !

A contrario ici dans notre vallée, nous ne faisons que de l'élevage viande, donc il n'y a pas ce besoin de les ramasser tous les soirs hein. Encore une fois, je dis "ils sont pas en liberté" : on y va assez souvent pour les surveiller. Donc et ils n'ont jamais été gardés euh... ancestralement et n'ont jamais été parqués le soir.

On touche là la différence entre troupeau "surveillé" (de loin dans l'espace et le temps) et troupeau "gardé" (avec berger permanent et chien patou). Quand on ne visite le troupeau qu'une fois par semaine, peut-on se plaindre qu'il soit victime de prédateurs ?

Par ailleurs, "ancestralement", il y avait en pays Toy des patous pour garder les brebis et ceci jusquaux années 60. 40 ans, ça ne fait pas une tradition ancestrale ! De nouvelles évolutions prenant en compte le retour de l'ours sont possibles.


L'ours en Europe, ben il est pas en voie de disparition puisqu'il y en a.

La ministre de l'écologie a, encore une fois, parfaitement répondu à cette remarque : "Garantir la survie de l'ours brun d'Europe, c'est précisément conserver plusieurs noyaux stables partout où il est encore présent. (...) Quelle que soit l'espèce, reporter sur d'autres pays la responsabilité de sa conservation c'est travailler, sans le dire, à sa disparition."

On nous dit que l'ours fuit l'homme. Moi j'ai rencontré des gens qui l'ont vu et ben, c'est l'homme qui a fui, et en courant, parcequ'il a eu peur de lui.

L'ours brun européen fuit l'homme. Aucun accident grave dans les Pyrénées en plus d'un siècle. Pourquoi continuer de verser dans la construction de ce registre de l'épouvante ?

Et puis, c'est assez malhonnête de prétendre que les gens ont peur de l'ours quand les antis font tout pour effrayer les gens sur le dos de l'ours.

Hein, il faut pas quand même oublier qu'un ours est un animal féroce, hein, c'est écrit sur le dictionnaire, c'est pas moi qui le dit.

Le dictionnaire ne fait pas de distinction entre le gros grizzly américain et l'ours brun européen occidental qui est bien discret vis à vis de l'homme.

Euh... oui, sur la biodiversité, il ne sert à rien : le vautour est utile, la vipère est utile, mais l'ours, je vois pas à ... quel rôle il a, sauf, une idée que se font quelques personnes.

Ethiquement, c'est comme Mozart, ça ne sert à rien mais c'est précieux ! Par contre, pour ce qui est de la biodiversité, l'ours en fait intégralement et légitimement partie bien évidemment. Sans oublier qu'en le protégeant, on protège ses lieux de vie et donc bien d'avantage que lui tout seul ! >> P.P

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"On mesurera un jour le degré d'une civilisation non à ce qu'elle aura pris à la nature, mais à ce qu'elle lui aura laissé ou rendu." R.H
PHOTO (P.P 2005) : ours "Aspe-Ouest", mâle isolé depuis 2004, meurt en 2010. Honte aux coupables.


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jérémy51

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02 Juin 2006 16:22

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Ysengrin

3

6424

24 Nov 2005 10:21

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