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MessagePosté: 11 Sep 2013 10:52 
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Inscription: 11 Sep 2013 08:39
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Bonjour à tous,
Je viens de prendre connaissance de ce forum grâce à Jean Durban, fils de mon camarade de prison en Espagne en 1943.(j'aurai 91 ans en novembre)
Beaucoup d'informations sur nous, Résistants oubliés, sont sur mon site :
http://evade-de-france.pagesperso-orange.fr/
si quelqu'un est intéressé par le parcours de Lambert Blasquiz, il me l'a retracé, je l'ai édité dans un livre : les lettres ... jamais écrites.
Afin de réveiller la mémoire des médias (si c'est possible ?), j'ai organisé une projection de "la filière espagnole" à Neuilly sur Seine le 18 octobre et nous ferons une cérémonie de dépôt de gerbe devant la plaque aux Evadés de France à l'Hôtel des Invalides à Paris le 28 octobre, suivi d'une cérémonie à l'Arc de Triomphe. Sur demande à mon site "maniana@orange.fr" je peux adresser le communiqué correspondant.
Merci de vous intéresser à cette période et à nos actes citoyens.


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MessagePosté: 11 Sep 2013 18:23 
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Inscription: 28 Nov 2007 07:46
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Bonsoir BEIRET,
BEIRET a écrit:
Bonjour à tous,
Je viens de prendre connaissance de ce forum grâce à Jean Durban, fils de mon camarade de prison en Espagne en 1943.(j'aurai 91 ans en novembre)
Beaucoup d'informations sur nous, Résistants oubliés, sont sur mon site :
http://evade-de-france.pagesperso-orange.fr/
si quelqu'un est intéressé par le parcours de Lambert Blasquiz, il me l'a retracé, je l'ai édité dans un livre : les lettres ... jamais écrites.
Afin de réveiller la mémoire des médias (si c'est possible ?), j'ai organisé une projection de "la filière espagnole" à Neuilly sur Seine le 18 octobre et nous ferons une cérémonie de dépôt de gerbe devant la plaque aux Evadés de France à l'Hôtel des Invalides à Paris le 28 octobre, suivi d'une cérémonie à l'Arc de Triomphe. Sur demande à mon site "maniana@orange.fr" je peux adresser le communiqué correspondant.
Merci de vous intéresser à cette période et à nos actes citoyens.
Respect :amen: :amen: :amen:

Juste une précision du bon lien => http://jcbm-evade-de-france.pagesperso-orange.fr/

:hello: @+
Robert


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MessagePosté: 11 Sep 2013 20:38 
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Bonsoir BEIRET

Il y a peu, Denis Gaihard, neuveux de Pierre Durban est intervenu ici sur le passage par le chemin Eyheramendy.
De ce que je connais, ceux qui ont collés le plus près de cet itinéraire dans sa partie finale sont Robert et son collègue Lagrole il y a quelque temps déjà.
Je voulais aussi vous dire très sincèrement que, à chaque balade vers cette crête frontière, je pense à vous, vos compagnons de galère et ces fameux passeurs.
Je pense...J'espère avoir rencontré de part la haut des gens qui ne dépareraient pas dans vos récits.
Cordialement
Eric LOZANO

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MessagePosté: 12 Sep 2013 09:34 
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Bonjour EYRA,
Merci pour votre message.
De nos jours, la montagne est familière à beaucoup de randonneurs. Et c'est bien !
Je voudrais seulement que les personnes qui font aujourd'hui des courses en montagne, comme vous le faites dans nos Pyrénées, se reportent par la pensée en 1943.
Les personnes qui "allaient à la neige" avant la guerre étaient généralement assez fortunées et restaient dans l'une des rares stations alpines existantes comme Pralognan, pour faire du ski. La course en montagne était peu pratiquée par les citadins.
Donc, en 1943, mis à part les Pyrénéens ou les Alpins de souche, la montagne était une idée floue, même si on avait un jour pris un car pour aller à Saint-Sébastien par la route.
Les "baskets" n'existaient pas. Mettez des souliers de ville, semelle de cuir (ou de bois), habillez vous comme pour aller au travail afin de ne pas être remarqué et suivez un contrebandier par les sentiers "casse g..." que lui seul connaît. Dans votre tenue, vous allez gravir un ou deux cols à 2000 - 2500 m en croyant que c'est l'affaire de la journée à patauger dans la neige jusqu'au genou avec peu de nourriture et dans le froid glacial.
Naïfs étions-nous ! deux, trois jours selon les trajets ! Avec la prime des montagnards ennemis équipés convenablement, eux! Chiens et fusils compris. Seul le grand talent des passeurs a pu limiter la casse.
Quand vous retournerez dans ces belles montagnes, je suis certain que vous nous verrez par la pensée ; on en a "bavé" mais le désir de réussir pour la cause que nous soutenions était si puissant que nous avons réussi.
La suite espagnole fut détestable, mais ceci est une autre histoire pour paraphraser Rudyard Kipling !
amicalement BEIRET


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MessagePosté: 12 Sep 2013 11:46 
BEIRET a écrit:
(j'aurai 91 ans en novembre)

Ouf, c'est la very Old team là :|

Sinon plus sérieusement un immense MERCI. Je viens de lire ce blog et cette histoire que je ne connaissais pas. Vous avez , vous aussi écrit une page de la GRANDE HISTOIRE DES PYRÉNÉES

BRAVO encore pour votre courage


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MessagePosté: 12 Sep 2013 16:29 
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Bonjour et merci, Jack;
Peut-être y avait-il du courage, mais surtout de l'inconscience et un énorme patriotisme qui nous a tenus.
voyez mes sites
http://jcbm-evade-de-france.pagesperso-orange.fr/
http://www.beiret-communication.com/
amitié


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MessagePosté: 12 Sep 2013 16:59 
Moi j'ai plein d'autres questions vous concernant vous et vos camarades, car je n'ai sans doute pas tout lu:
* d'où veniez vous? On parle des "4 coins de la France", parfois sans jamais avoir mis les pieds en montagne. Qui étaient vos passeurs, des guides expérimentés, des villageois?
*combien de temps y êtes vous restés ( on parle de "rapatriment" de force la frontière à peine passée , avez vous été reconduis directement à la frontière ou en France)?
* certains de vos amis sont-ils restés là-bas pour devenir espagnols?
*vous êtes vous engagés ensuite dans la résistance, dans les forces françaises d'Afrique?

Autant de questions sans doute très bêtes, mais qui me permettront de m'éclairer un peu

Merci ;-)


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MessagePosté: 12 Sep 2013 17:05 
j'ai trouvé ça en cherchant un peu ;-)

http://www.youtube.com/watch?v=cBmsZymO_P4


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MessagePosté: 12 Sep 2013 18:03 
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Ami Jack,
Vos questions ne sont pas bêtes. Celui qui veut savoir questionne, ce que vous faites et je vous en félicite.
1° je vous recommande de jeter un œil sur le site que je vous ai indiqué pagesperso, vous aurez déjà des réponses.
2° si vous voulez savoir comment cela se passait en Espagne, sans faire de pub, j'ai écrit exprès "les lettres... jamais écrites", vous trouverez la référence sur mes deux sites.
3° si vous voulez entendre des témoignages, nous avons fait "la filière espagnole" en DVD pour cela et pour enseigner.
4° Certains Basques espéraient trouver refuge chez des cousins en Espagne. Cela n'a pas marché car ils étaient comme nous tous. In fine, ils ont fait comme nous, se sont engagés dans les armées en formation en AFN et ont été des hommes valeureux.
5° Quant aux guides, qu'ils aient été ou non contrebandiers avant la guerre, ils étaient des montagnards aguerris et honnêtes (il y a eu aussi des brebis galeuses, mais peu). Le problème était de les trouver et ce n'était pas par petites annonces, vous vous en doutez.
sur mon site "beiret" vous avez une table d'ouvrages sur le sujet. Certains ne se trouvent plus qu'en occasion ou peut-être dans des bibliothèques.
A+tard


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MessagePosté: 12 Sep 2013 21:04 
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Bonsoir
jack a écrit:
Moi j'ai plein d'autres questions vous concernant vous et vos camarades, car je n'ai sans doute pas tout lu:
* d'où veniez vous? On parle des "4 coins de la France", parfois sans jamais avoir mis les pieds en montagne. Qui étaient vos passeurs, des guides expérimentés, des villageois?
*combien de temps y êtes vous restés ( on parle de "rapatriment" de force la frontière à peine passée , avez vous été reconduis directement à la frontière ou en France)?
* certains de vos amis sont-ils restés là-bas pour devenir espagnols?
*vous êtes vous engagés ensuite dans la résistance, dans les forces françaises d'Afrique?
Les réponses dans le bouquin que j'étais justement en train de re relire: Dans l'ombre des passeurs de Gisèle Lougarot aux formidables éditions ELKAR ( Pub pour chez nous ). Limité aux passages en Pays Basque, avec un très gros morceau sur la Haute Soule :coeur: :coeur:
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Ca, c'est la fin de leur périple, sachant qu'à pied, dans l'angoisse, ils arrivaient de Mauléon, Aramits....

Bonsoir BEIRET
BEIRET a écrit:
Mettez des souliers de ville, semelle de cuir (ou de bois), habillez vous comme pour aller au travail afin de ne pas être remarqué et suivez un contrebandier par les sentiers "casse g..." que lui seul connaît
Bien conscient de ça aussi, et que pour l'assaut final vers les cols frontière, les randos d'aujourd'hui sont réputées difficiles alors que nous arrivons bien tranquilles en auto au départ des chemins.
Les pistes forestières, inexistantes à l'époque, permettent même d'arriver au cayolar d'Eskahantola sur pneu...J'en connais qui vont faire reluire une borne frontière au port de Belai juste en promenade :mdr3: :mdr3:
Pour ce qui est des gens d'en haut, ils ont de beaux restes.
Anecdote de 2 ans:
Avec tous les jeunes ( par rapport à vous :mdr3: :mdr3: ), en tirant une belle journée de crête, nous arrivons au port de Belai, un berger et ses chiens, d'un cayolar sous Chotaco, nous acceuille d'un grand rire. Il contrebandait du paturage :ange: :ange: :ange: L'herbe interdite est toujours bien meilleure :mdr3: :mdr3:
Plus à l'Est, dans le cirque de Lescun, au cols de la Cuarde, de Pau, ça bougeait bien aussi, voire plus haut, sur les passages entre Aspe et Roncal.
Mais là je connais moins les histoires
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Nos amis orientaux aux yeux bridés vont raler, aussi, je sais qu'en Arriège, tous les ans, en partant de Seix ( là, je suis pas sur ) une marche de la liberté est organisée...A eux de donner les précisions.
:hello:
Eyra

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MessagePosté: 13 Sep 2013 07:30 
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Inscription: 30 Sep 2009 09:37
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Bonjour! quelle histoire, quel courage... :amen:
J'ai randonné quelquefois avec Olivier Nadouce qui refait vivre sur site et pour nous, simples promeneurs, ces grands moments.
http://www.ariegenews.com/news-49541.html

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MessagePosté: 13 Sep 2013 12:11 
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Inscription: 12 Sep 2013 22:04
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Bonjour,
Grand amoureux des Pyrénées et petit pyrénéiste ;) , cela fait bien longtemps que je connais et que j’apprécie votre forum.

Au retour de vacances (pyrénéennes, comme il se doit…) j’ai été surpris et heureux de voir que les Évadés de France y étaient mentionnés, et qu’y figurait même la référence au petit article écrit par mon père à la mémoire d’Eloi Eyheramendy.
http://jcbm-evade-de-france.pagesperso- ... PIERRE.HTM
Et même un post d’un de mes petits cousins avec lequel je n’ai pas communiqué depuis bien longtemps ! Comme quoi, internet peut participer au rapprochement des familles ! :)

Puisque Beiret me mentionne, je me permets d’ajouter une petite contribution, à partir de quelques uns des documents retrouvés chez mon père.

D’abord un extrait d’un bel article du regretté J.-F. Mézergue, dans le Sud-Ouest Dimanche du 13 novembre 1983.
(l’article étant trop abîmé pour être scanné, je ne reproduis pour le moment que le passage concernant les frères Eyheramendy).

Pyrénées : les fantômes de la frontière.

[Le texte commence par évoquer la résistante Paule Lippmann et le passeur Michel Olaçabal.
Puis il est question des frères Eyheramendy].

(…) « Pour rencontrer des gars qui ont fait passer du monde, poussez jusqu’à Chohourt, chez les frères Eyheramendy ».

Après la descente et la traversée du torrent, la route escalade à nouveau la pente. Le soir obscurcit la vallée et grandit la montagne. Chouhourt, un lieu-dit, une ferme assise dans la nuit. Le goudron s’abîme quelques lacets plus loin, dans le no man’s land des sommets. Le bout du monde.

375 personnes en trois ans.

Une ampoule anémique pâlit les ombres de la vaste cuisine. Eloi Eyheramendy, 76 ans, Jean, 65 ans, et Pierre, 59 ans, sont assis au coin de la cheminée. Twist, le seul chien de Sainte-Engrâce chassant le sanglier, leur tient compagnie. Une marmite fume au-dessus de la flamme, trois pommes posées sur la plaque de fonte cuisent à petit feu. Le plat du jour et le dessert. Seul luxe de la maison : le transistor posé sur la toile cirée de la table.

Trois existences rivées aux douze hectares escarpés de la ferme mijotent dans le silence d’une complicité de toujours. Les Eyheramendy n’ont plus besoin de mots pour s’entendre et se comprendre. Il y a les travaux en commun, quelques rares escapades à Tardets, « où les voisins qui ont une voiture les portent », et les soirées au coin du feu. Il y a aussi, et pour l’éternité, les trois cent soixante-quinze Français, juifs, Anglais et autres qu’ils ont guidés entre 1942 et 1945, sur les sentiers des cols de Bimbaleta et de Bellay. Les certificats encadrés délivrés le 1er décembre 1949 pour « l’aide généreuse apportée aux prisonniers, déportés, évadés français ou combattants des armées alliées tombés au pouvoir de l’ennemi », et signés par le général de Gaulle et le général de Larminat, président de la commission des passeurs, en témoignent.

Fin 1942. À Chohourt, les échos de la guerre sont ténus. La vie aux champs emprunte le sillon des saisons. Le père Eyheramendy, Laurent, enfonce le soc, les fils le suivent. Un jour, un cousin de Licq-Athérey accompagne une troupe d’officiers d’aviation venus de Mérignac. Il faut les aider à passer. La nuit prochaine. À la ferme de Chohourt, on ne s’encombre pas d’états d’âme. Les questions indiscrètes n’agressent pas les visiteurs.
« Nous les passerons !» La lune éclaire le premier convoi d’une course semée d’embûches – trois heures et demie pour les bons marcheurs, davantage pour les autres – sur des itinéraires que les frères connaissent depuis l’enfance.
Le cousin de Licq et d’autres ont trouvé la filière. Avec les Eyheramendy, le passage est assuré, la discrétion garantie en prime. « En 1943, ça devient plus difficile. Les douanier à la frontière et la Gestapo à Tardets redoublent de vigilance. » Les premières missions accomplies avec le naturel d’un long atavisme, les Eyheramendy persévèrent. On « passe des gens » comme on ensemence le moment venu. En bons paysans de la montagne du pays de Soule.

En juillet, une lettre anonyme dénonce les Eyheramendy. Un après-midi, Pierre est arrêté au bord du torrent où il pêche la truite. Le lendemain, Eloi et Jean, à leur tour interpellés au moment du repas de midi, les rejoignent au siège de la Gestapo à Tardets.
« Ils nous gardent trois jours et trois nuits en cellule. On interroge Eloi les yeux bandés. Un lieutenant des douanes est le plus méchant. Il y a aussi un adjudant, un français… » Les Eyheramendy ne parlent pas, ils sont relâché. De retour à Chohourt, ils se terrent plusieurs jours sous un rocher. Le père leur apporte le déjeuner avec des ruses d’Indien. Ils ne sont pas repris et recommencent le manège. « Par trois fois, nous convoyons des familles avec femmes et enfants. En juillet 1943, nous avons un groupe de quarante-quatre personnes. Par le col de Bellay. Il y a des Français, des Anglais et un peu de tout. À cent mètres de la frontière, une rafale de mitrailleuse. Un gars de Domezin, à côté de Saint-Palais, tombe contre moi. Un certain Labat. Il est tué, raconte Eloi. Ce jour-là, parmi les évadés, il y a le docteur P. Durban, de Bordeaux. Plus tard, il nous écrira et nous enverra des bouteilles de vin ».

Au début, un Espagnol les aide. Il est arrêté et déporté fin 1943 ou début 1944. Les évasions ne cessent pas pour autant. Jusqu’à l’Armistice, les frère Eyheramendy s’obstinent.
Un moment saisi par on ne sait quelle folie, le plus jeune, Pierre, émet le vœu de suivre un convoi en Espagne. « Le défunt père s’y est opposé. » Pierre s’incline. Le père meurt en 1947. Pierre ne songe pas à transgresser le veto du mort. Il reste à Chohourt… avec Eloi et Jean, ses aînés.

Quarante ans après, des bribes de phrases, entrecoupées de longs silences, égrènent un chapelet de souvenirs qui n’a pas l’amertume des regrets ni celle des illusions perdues. À la ferme de Chohourt, trois frères avares de confidences parlent d’un quotidien banal comme la pluie et le beau temps. « Oui, on en a ‘’passé’’ du monde… » Trois cent soixante-quinze personnes, par Bimbaleta et Bellay. « Ils donnaient ce qu’ils voulaient. On servait à manger et jamais on n’a réclamé d’argent à personne. » La marmite continue à fumer sur la flamme. À Sainte-Engrâce, les frères Eyheramendy n’ont jamais abandonné la tenue ni la règle de vie austère des soldats sans uniforme. Passeurs pendant trois ans et montagnards de toujours.
J.-F. Mézergue.


Un encart de l’article cite la grande spécialiste Emilienne Eychenne (Les Pyrénées de la Liberté, les évasions par l’Espagne 1939-1945, Éditions France Empire, Paris 1983, qui «a retrouvé la trace de 2393 passeurs et agents de passage, 2453 avec quelques anonymes à peu près localisé, 2500 chiffre rond pour être sûre de n’oublier personne… » Elle trouve : 137 morts en déportation, 6 fusillés dans les prisons, 2 fusillés en otage à la Libération, , 5 tués en opération pour les passeurs, 6 tués chez eux, 5 blessés, 2 « suicidés », 3 péris en montagne, 205 déportés qui reviennent, 600 emprisonnés plus ou moins longtemps, soit 1031 qui ont eu des ennuis très sérieux pouvant aller jusqu’à la mort pour 61 d’entre eux (près de 7%)…

Puis un « courrier des lecteurs » de Grégoire Carricaburu, de Cognac, à propos de cet article, qui corrige les erreurs de date :
« C’est avec plaisir que j’ai lu dans votre journal le document concernant les passeurs dans les Pyrénées. Étant l’un des 375, j’ai particulièrement apprécié le passage concernant les frères Eyheramendy (qui pour nous, gens du pays sont les frères Chohourt – le nom de la maison primant celui de l’état civil). Seule nuance, l’épisode de ‘’juillet 1943’’, où fut tué notre compagnon d’évasion Labat, s’est déroulé le 12 mars 1943 qui, si j’en crois mes souvenirs, était un dimanche. Grâce à la présence d’esprit de nos passeurs qui nous dirigèrent sur le col de Bellay plutôt que sur celui de Bimbaletta, moins haut et moins enneigé, la tragédie fut limitée, d’autres Allemands nous attendant sur ce dernier col [sur le premier ; c’est moi qui corrige]. En cette triste période où toutes les occasions sont bonnes pour salir ces sombres années de notre histoire, je veux rendre hommage au courage et au désintéressement des frères ‘’ Chohourt ‘’ ».

Ce courrier anticipe et confirme le récit de mon père.

Et voilà les merveilleux « frères Chohourt » (Xuhurt, selon la graphie basque), dans l’honneur de leur simplicité, « pour l’éternité », selon le mot de J.-F. Mézergue.

Image
Eloi (à droite) et Jean Eyheramendy (à gauche) en septembre 1986 à leur maison de Xuhurtia.


Image
Pierre (à droite), avec Jean Eyheramendy (au centre) et Pierre Durban, à Xuhurtia en octobre 1991.

(photos de Jean Gailhard, mon cousin, père de Denis, « Zelaian » sur le forum).


[pour les modos : si c’est possible, il serait intéressant de fusionner ce fil avec le fil « Liberté », dans la même rubrique].

viewtopic.php?p=35040


Dernière édition par Jidé le 23 Jan 2016 22:48, édité 5 fois.

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MessagePosté: 13 Sep 2013 18:07 
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Inscription: 11 Sep 2013 08:39
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Bonjour, cher JiDé
Votre dernière photo m'interpelle. Est-ce bien votre père Pierre Durban qui est à gauche sur la photo de 1991 ?
En tout cas, je suis enchanté de voir la curiosité intéressée sur ce sujet et sur ce forum d'excellente tenue.


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MessagePosté: 13 Sep 2013 18:47 
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Inscription: 12 Sep 2013 22:04
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BEIRET a écrit:
Est-ce bien votre père Pierre Durban qui est à gauche sur la photo de 1991 ?


Oui. C'est bien lui. Il avait 72 ans.
Le temps passe, n'est-ce pas !


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MessagePosté: 13 Sep 2013 20:20 
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Bonsoir
Jidé a écrit:
rand amoureux des Pyrénées et petit pyrénéiste ;) , cela fait bien longtemps que je connais et que j’apprécie votre forum.
Quel honneur !!!!
Je vous promet que la borne frontière 250, au port de Belai ( belhay ) sera bien soignée
:hello:
Eyra

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