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Il nous avait dit : " si vs voulez faire le sommet, alors allez-y "polé polé". On l'a écouté, parce qu'il avait 54 ans, parce qu'il était guide tanzanien, et surtout, surtout, parce qu'il avait plus de 120 kili à son actif....Ca forcément, ça t'assoie !!!
S'il n'y avait pas l'altitude, le kili, c'est plus facile que le Mont-Blanc, car pas du tout technique.
Mais voilà , il ft faire avec l'altitude, et c'est tant mieux, parce que ça, ça change la donne, et un kili, et ben, oui, ça se mérite, ça se gagne avec les tripes. Parce que qd le physique s'essoufle,le mental prend le dessus.
Tout a commencé à Marangu gate, passage obligé par le parc pour qui veut trainer ses guêtres du côté de Kibo.
Les 3 jours de marches d'approche st aisés : on part de 2000m environ et on progresse tranquille jusqu'à 2700 m, à travers une végétation luxuriante. Au programme singes et mangouste : pas farouche la bestiole, elle s'est approchée de nous à qq cm!!!
Arrivée à Mandara Hut. Nuit ds des refuges nickels!! Ah ça change des refuges français !!! Y'a même une douche.Le lendemain, on repart, 1000 m de dénivelé de plus pour arriver à Horombo Hut.3700 m d'altitude.
On est encore frais, tout va bien ; quelle surprise de voir à cette altitude là , des WC avec chasse d'eau !!! Mais oui, mais oui.
Nous sommes 14 à parler kili, manger kili, rêver kili. Chaque pas ns en rapproche un peu plus.
Les porteurs ns ébahissent : ils grimpent fastoche avec tt un bric à brac juché sur leur tête. Sans les mains.
On passe 2 jours à Horombo. Pour s'acclimater, qu'ils ns disent. Le lendemain, on ft une " balade" au pied du Mawenzi ; je pense que c'est là que l'on commence à prendre la véritable mesure de ce qui ns attend : face à nous, se dresse " the bête ". Bigre, sacré morceau !!! On découvre aussi la voie qui devrait ns permettre de fouler le sommet. C'est bizarre, d'un coup, les visages deviennent plus graves...
Ft dire que ce que l'on voit n'a pas l'air d'une partie de plaisir : ça monte raide là -bas. Et déjà pendant l'ascension qui ns a amené de 3700 m à 4300 m, les jambes se st faites soudain plus lourdes. Aïe, aïe, aïe...
On redescend, et la fin de la journée, on lézarde sur les rochers. Le lendemain, dernière étape avant l'assaut final !!!
Le dernier raidillon qui mène au refuge Kibo Hut, ft qq dégats : le copain qui marchait avec moi en a ft les frais : voulant arriver plus vite, le v'là t y pas qui accélère : ah, mais, garçon, ici t'arrives à 4700 m, c'est pas rien ; c'est presque le Mt-Blanc, dis-donc, des fois que t'aurais pas remarqué!!! Et du coup, il s'écroule sur ses bâtons, après qq pas, le souffle court. Eh, rappelle toi : " Polé, polé" ils ns ont dit. Bon, tt le monde arrive au refuge, ds des états de fatigue, plus ou moins avancé.
On dîne à 18 h et 19 h tt le monde cou-couche panier, pa-pattes en rond.
Minuit, réveil. Ouh la la, y'a qq chose qui passe là . Le sommet est à 1200 m de dénivelé. Arriverons-nous à titiller les étoiles? On démarre à 00H45. Tiens justement, une étoile filante....Pas difficile de deviner le voeux que je fais!!! Je me colle derrière le guide ( 120 et qq fois le kili, polé, polé, et ben oui, c'est lui.) Je me jure à cet instant précis, que je ne le lâcherais pas d'une semelle, devrais-je ramper pour le suivre. Du coup, je connais par coeur la marque de ses guêtres, et tout et tout !!!
On monte en suivant un chemin en pente douce d'abord, pour l'instant Hakuna matatta - pas de pb en swahili - Nos guides st de vrais mères pour nous, ils s'inquiètent ss cesse de notre santé.
Puis d'un coup, vlan, on attaque les zig-zag. Bigre, ça ramone sérieux. Patricia, la copine juste derrière commence à vomir. D'autres ont mal au crâne. Dieu des montagnes, fais en sorte que je passe aux travers de tt ces désagréments!!! Finalement la colonne se scinde en plusieurs groupes.
avec un ou deux guides à leur tête. L'altitude se ft cruellement sentir. On ne parle presque plus, concentré sur chaque pas, le souffle court. A force d'être plongée ds la contemplation des guêtres de Mickaël, notre guide, j'en attrape le vertige ; je regarde un peu les étoiles, c'est magnifique d'apercevoir à travers le halo des frontales, les différentes colonnes qui grimpent. C'est poignant aussi de voir à travers ce même halo des hommes et des femmes, écroulés, qui pleurent, trahis par leurs forces. Pour la 2° fois, Patricia vomit. Paul craque; on s'encourage, un petit mot, un seul parce qu'il ft garder du souffle. A ma montre alti, il reste encore 200 m de dénivelé pour arriver au 1° sommet - Gillman's Point - Ce st les plus difficiles : il y a de gros blocs et on est obligé d'y mettre les mains; lever les jambes, les reposer, avancer une main, puis une autre, et surtout ne plus penser à la douleur qui monte, au découragement qui gagne . 4 du groupe ne verront pas le 1° sommet. Epuisés, ils redescendront, avec eux, Adrien touché par le MAM: vomissements, saignements de nez, mal de tête.
Pour les " survivants ", encore qq mètres, ça y est 5685 m. Ouf, première étape. Ms ce n'est pas fini, il reste encore 1H 30 de marche pour atteindre Uhuru Peak, 5895 m. On souffle 5 mn. " on y va " ns dit le guide. On est 3 à se relever, dt Patricia, qui, a 3 reprises, à orné le kili de cairns vomitifs décoratifs!!!
Les autres décident de souffler un peu plus. On repart donc, et là , beauté divine, le soleil se lève sur les glaciers. Epoustoufflant de beauté, malgré le vent qui ns refroidit sérieux, le numérique chauffe !!! Le spectacle est grandiose, on est transporté, et on file " polé polé " vers le sommet. Euh, " filer" est un bien grand mot !!! L'altitude se ft à nouveau cruellement sentir ; tt à notre euphorie du lever de soleil sur les neiges éternelles ( ah ces fameuses neiges, et ben, ça y est j'y suis ), une immense fatigue ns tombe dessus ; les 200 derniers mètres st les plus difficiles, que j'ai eu à parcourir : je me traîne lamentablement, mes bâtons de rando ressemblent plus à des bâtons de vieillesse !!!! Je marche les yeux fermés, c'est dur, très dur. Je vois le sommet, le panneau ; et là plus qu'une idée en tête : toucher le panneau, fi du GPS qui me dit que oui, les 5895 m st là à portée de mains, à portée de souffle. Il y a déjà du monde, je me fraye un chemin ds un état second, encore 1 m, 50 cm, ça y est ,j'y suis. Après 6 h 30 d'ascension, de souffrance au final, c'est le bonheur de fouler le sommet de ce prestigieux volcan. Les autres arrivent, Fabrice m'avouera qq mn plus tard, que pdt qu'il filmait, il s'est soudain aperçu qu'il pleurait ttes les larmes de son corps!!! L'émotion est à son paroxysme, la gorge est serrée ( pas facile de respirer à pleins poumons ds de telles conditions !!! ) Séances photos, on se croirait ds un film au ralenti. Une partie du groupe ns rejoint. Embrassades, les larmes remplacent ttes les paroles. Malgré le froid ( le guide ns dira qu'il faisait entre - 10 et - 15 ° ), on reste 1/2 heure au sommet, rien que pour s'en mettre plein les yeux. Le glacier craque, on l'entend distinctement. Cette demi-heure n'appartient qu'à nous, c'est pas possible, on n'est pas sur la même planète. Mon guide me prend par les épaules, me plante son regard ds les yeux : " Mama, stronger, mama, stronger " Oui, Mickaël, tu as sans doute raison, mais " mama, tired " tu peux pas savoir à quel point !!!
Mais déjà il faut redescendre. On rejoint le 1° sommet, et on attaque la descente infernale : on glisse ds le pierrier, de la poussière partout. Alors que qq instants auparavant on peinait tant, ns voilà en train de bondir littéralement !!!
Le refuge est en vue. Les porteurs qui st restés à nous attendre ns ont repérés de loin : " congretulations !!! " Ils ns arrachent carrément nos sacs, ns défendent de faire plus d'effort, ns apportent des jus d'orange!! c'est dingue, ils st aussi heureux que ns, comme s'ils avaient ft le sommet à nos côtés. Et voilà c'est reparti, les larmes reviennent, je pensais ne plus avoir assez de forces même pour ça!!! Ce que c'est que l'émotion!!! Vite se jeter ds le duvet, attendre les autres, ne plus rien entendre, se fermer au reste du monde pour refaire ds sa tête tte l'ascension, 10 fois, 20 fois, égoïstement, amoureusement !!!
Que du bonheur, je vous dit.
Le kili est une montagne fantastique; la dernière marche d'approche s'est ft ds un décor quasi-lunaire.
En redescendant au refuge intermédiare, on se retournera 15 fois pour prendre en photo ce monstre sacré : " ms tu la déjà ce cliché ! " " non, pas celui là ; le 1° c'était avant de faire le sommet, et celui-ci c'est après avoir ft le sommet "!.....Ah bon, effectivement vu sous cet angle, ça change tout !!!
En tout cas le kili, faut pas y aller les mains ds les fouilles, un mini d'entrainement est fortement recommandé ; une copine s'en souviendra : elle a mis 10 heures pour atteindre le 1° sommet. Ms elle l'a ft, et qu'importe la fatigue, qu'importe si ce n'était pas le vrai sommet, aller jusqu'au bout de soi même, c'est probablement la plus belle des victoires.
Bravo à Julien, qui malgré son handicap, est monté mine de rien jusqu'à 5300 m.
L'arrivée au parc s'est ft ds le délire : avec 2 copains, on rongeait notre frein derrière un des assistants guides : le pauvre gars espérait peut-être une descente pépère, car ils étaient qd même bien entamés les français ( !!! ). Tu parles : sentir le souffle chaud de 3 furies sur sa nuque, a dû le faire douter !!! Finalement on est parti en courant sur 200 m, puis on s'est arrêté et excusé auprès de lui; il ns en voulait pas, il se marrait, il avait compris.
Le retour à l'aéroport fut assez cocasse.
Je reviens de l'Afrique avec toute une palette d'odeurs et de couleurs, des tonnes de sommeil en retard, les fesses endolories après 8 h de route ( ah, les routes africaines !!! tt un poème ) ds un véhicule tape-cul comme c'est pas possible, et probablement qq neurones en moins !!!!
Ds ma tête je suis encore sur le kili, hélas, le retour au boulot après-demain, va me ramener à d'autres réalités!!! Qu'importe, au prochain WE libre, je me replongerais avec délice ds nos merveilleuses Pyrénées.
Et déjà , je cogite pour un 7000 l'été prochain.
Si y'en a qui ont des infos sur des sommets de ce gabarit, me faire signe.
Merci
" Asanté " aux guides et aux porteurs qui ont été à nos côtés tt le temps et ss qui ns ne serions jamais arrivés.
En tout cas c'est bien la 1° fois que je mange des crêpes à 3700 m d'altitude !!!!!!!
Ciao, a+
pour info, et si vs ne l'aviez déjà pas compris, " polé polé " ça signifie : doucement, doucement )
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superfrog
Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort.
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