Citation:
c'est beau d'être jeune.....de porter des sacs de 15kg même pas lourds....de marcher des heures en étant même pas fatigué....et de trouver qu'une cabane c'est bien suffisant quand on est un montagnard un vrai, un tatoué comme dirait l'autre.....et que les vieux(ceux qu'on juste 30 ou 40 de montagne dans les pattes) les touristes enfin les "bagnurs" comme disent les gens de mon village de haute ariège.... z'on qu'à aller voir ailleurs....z'on qu'à aller à la mer................
Au détour d’une information, somme toute assez banale (l’ouverture d’un gîte, dans un coin des Pyrénées françaises), on peut voir apparaître des points de vues qui nous ramènent à une réalité plus humaine.
Je suis parfaitement en accord avec Elisabeth, sur la prise en compte,
Les années passant, de la nécessité (et même, l’obligation, normes obligent) d’apporter un peu de confort
aux randonneurs fatigués (cassés par le poids du sac, le dénivelé, la longueur de l’étape,
… les blessures de l’existence).
Ne tombons nous pas dans une attitude empreinte de « jeunisme »,
(un ostracisme récurrent, qui a fait des dégâts dans notre économie),
en pratiquant cette « sélection », qui relève du non-dit, derrière un discours aux apparences « écolo » ?
Le phénomène n’a sans doute échappé à personne, la génération du baby boom,
dans laquelle on compte nombre de marcheurs et randonneurs,
l’âge de la retraite venu, continue à arpenter les sentiers de randonnées,
dans les Pyrénées ou ailleurs.
Parmi eux, certains ont quitté leur vallée pyrénéenne et sont partis travailler à la ville.
J’en connais quelques uns à Toulouse.
Des chemins de Saint Jacques de Compostelle, en passant par les sentiers GR et la HRP,
Ils cheminent souvent d’un pas alerte, insatiables découvreurs.
Leur présence ne contribue t-elle pas, sur ces hautes terres,
à améliorer un dialogue inter-générations,
qui fait parfois défaut, ou plus difficile à établir,
dans un environnement urbain et aseptisé.
Une de mes amies, « cheminante », sexagénaire depuis peu, en est à sa 3ème édition du chemin ;
… Elle n’envisage pas de s’arrêter avant longtemps.
Je ne serais pas surpris que les initiateurs du projet « retrouvance »,
Et d’une manière plus générale, l’ensemble des acteurs intervenant dans ce domaine de l’éco-tourisme,
dans le massif du Mont Valier et ailleurs,
n’aient pas eu une pensée pour cette « cible »,
ce segment de marché du tourisme vert,
en développant un réseau de lieux hébergement « plus confortables ».
De l’autre côté de la frontière, sur cette portion trans-frontalière des Pyrénées,
Les acteurs décisionnaires ont probablement une approche assez voisine,
Sous l’impulsion de la Generalitat de Catalogne.
Les Pyrénées ariégeoises subissent, à leur échelle,
le choc de la « crise structurelle », un mouvement de fond qui touche l’ensemble du territoire national (et au-delà ).
Les activités économiques traditionnelles, qui ont pour noms,
Agriculture de montagne, élevage, filière bois …,
Qui ont longtemps contribué au développement de l’économie locale,
Sont en déclin, dans une économie globalisée,
et fortement normalisée et dérégulée.
De nombreux pays ont compris rapidement que l’essor du tourisme,
des activités qui s’y rattachent, constituent un axe de développement alternatif.
On n’est pas obligé, surtout en zone de montagne, de reproduire les schémas
Contestables qu’on peut voir dans d’autres zones touristiques, sur le littoral spécialement
(bétonnage à outrance, multiplication des voies d’accès ...).
Ne peut-on aboutir à un équilibre,
Entre la nécessaire protection d’un environnement superbe,
« sauvage et authentique »,
image « labellisée » des Pyrénées ariégeoises, « terre courage »,
avec « Lou Moussu », pour icône,
une image que les populations locales, le touriste « vert » et le montagnard (parfois citadin)
recherchent et apprécient ?
… Et quelques « concessions », aménagements à faire à un modèle purement édénique
(= la montagne aux (seuls) montagnards),
seule issue possible pour éviter que cette partie des Pyrénées ne devienne un jour,
… un « no man’s land »,
Un territoire sans homme (et sans femme, Oulala !) ?
A l’inverse, il serait dommage qu’un jour, cette partie des Pyrénées,
ne connaisse le sort de certaines vallées de montagnes,
… qui n’ont pas su conserver une part « d’authenticité »
… et ne passe de la culture au folklore.
Je garde le souvenir d’une balade sur les hauteurs de Loudenvielle,
Joli village habilement restauré, où les rares cabanes de bergers étaient fermées à clefs.
Pris dans le mauvais temps, je n’ai trouvé pour seul abri, que la seule avancée d’un toit,
… un morceau de tôle ondulée d’un mètre carré.
Une belle vallée peut-être trop marquée par le touristique.
(… mais a t-elle d’autres alternatives ?)
Sous mon bout de tôle, sous cette neige fondue qui tombait sans discontinuer,
j’ai pensé avec nostalgie aux belles cabanes pastorales du Couserans,
Des cabanes dans lesquelles le passant peut s’abriter des éléments,
se reposer sans avoir à chercher une clef.
On peut espérer que les vallées de cette partie de l’Ariège, ne glisseront pas,
Insensiblement, vers ce modèle de développement local ;
Que les intéressés(ici, je rejoins AJ), veillent à ce qu’une évolution de ce type ne se dessine pas,
Dans l’avenir.
Une « « évolution » qui verraient des cabanes progressivement fermées à clefs,
verrouillées, pour que le randonneur de passage soit incité, un jour,
à ne faire que des balades professionnellement encadrées, sur des circuit bien balisés.
Des montagnes sur lesquelles le bivouac serait peut-être un jour prohibé (exemple, parc des Encantats),
L'utilisation des gîtes et refuges gardés deviendraient alors la seule alternative d'hébergement.
…La pratique de la randonnée, règlementée (notamment pour des question tenant aux problèmes liés à la sécurité des "usagers" et aux mises en responsabilités des collectivités propriétaires des sites de randonnées).
Mais j'ai beaucoup trop d'imagination, et les montagnards ariégeois, trop attachés à leur patrimoine naturel.
Autre question qui se pose de manière récurrente,
Comment permettre aux populations locales de rester sur place,
D’interrompre cette longue tradition d’exode vers les grandes villes,
D’y exercer des emplois qualifiés ?
D’attirer les talents venus d’ailleurs ?
Il y a des choix individuels à faire, entre
« l’exil » vers le reste de la France (ou plus loin), pour une carrière dans la fonction publique, parfois,
… et le choix de rester « au pays », en prenant le risque de monter son affaire,
… et pourquoi pas, en profitant de la manne de l’éco-tourisme.
La conjoncture actuelle ne favorise pas ce genre de pari sur l’avenir.
Les collectivités locales (notamment, comme relais des politiques européennes), ont sans doute un rôle majeur à jouer.