Vous imaginez bien à quel point je suis favorable aux patous... je ne m'étends pas là -dessus. Je connais
la vidéo du Mercantour (de nuit en infra-rouge) on y voit de façon remarquable combien les patous sont efficaces, ça dépasse même l'entendement.
Pour... j'ai oublié qui, oui, bien sûr,
l'ours des Pyrénées peut s'attaquer à des brebis (150 à 300 par an en tout pour la vingtaine d'ours présents. L'an dernier c'était 150. Cette année, il semble encore moins. A comparer aux 20 000 brebis qui meurent chaque année dans les Pyrénées en estive = l'ours c'est 1 à moins de 1% des pertes !)
Evidemment, si un troupeau n'a ni berger (hélas commun dans les Pyrénées !), ni patou(s), l'ours va aller directement taper dans ce garde-manger à ciel ouvert car c'est quand même un (très) malin ! Il s'économise comme nous le ferions nous mêmes. N'oublions pas malgré tout qu'il est le plus végétarien de nos carnivores puisqu'il mange des végétaux à 75% en moyenne (60 à 90% selon les individus et la période de l'année).
Dire que les patous sont... "barrés" c'est comme dire qu'une poule est... bête ! Elle n'est pas bête, elle est une bête. Elle sait pondre un oeuf chaque matin, pas moi
Lui demander l'intelligence d'un humain... c'est de la bêtis humaine : elle a son intelligence à elle.
Pour le patou, un autre élément rentre en jeu : la manière dont il est élevé. Le plan ours prévoit un maître chien (gratuit) pour placer le patou et aider à son éducation , il y a même des aides conséquentes pour le rééduquer en cas de problème.
Le patou est élement culturel pyrénéen traditionnel mais d'une part l'habitude s'est perdue à certain endroits des Pyrénées, d'autre part, certains les élèvent "à leur manière" et ce n'est pas forcément la bonne manière. Un patou bien élevé n'est pas agressif envers les humains (je parle d'agression physique réelle avec blessure) et pas avec les brebis non plus. En cas de problème, ça s'éduque. Vraiment ! Et je me répète : les aides sont conséquentes pour y parvenir.
Je suis d'accord, le patou peut être TRES IMPRESSIONNANT mais il est avant tout DISSUASIF. Il m'est arrivé moi même de devoir renoncer à une rando parce qu'un patou m'avait chargé (sans blesser). Après coup, je me suis demandé si c'est lui qui m'avait obligé à renoncer ou si j'aurais pu continuer en prenant sur moi et en avançant malgré tout. A chaque fois, je pense que c'est uniquement LA PEUR qui m'a fait stopper et que j'aurais pu continuer : le patou (au pluriel parfois) aurait continué à m'aboyer dessus et à se coller à moi, mais sans attaquer dans la mesure où je ne m'approchais pas davantage du troupeau. La décision de stopper vient de moi.
Depuis, j'ai rencontré d'autres patous barreurs de chemin et à chaque fois, j'ai pris sur moi, je lui ai parlé fermenent mais "amicalement" et sans crier. A chaque fois, j'ai pu continuer mon chemin quitte à avoir quelques sueurs froides car c'est vrai que là , on ne maîtrise pas les réactions de la bête et ce n'est pas facile de serrer les dents et les fesses pour avancer
(au fil du temps, on le prend plus cool et on se détend !).
Cela dit, c'est mon histoire perso et elle n'est pas forcément adaptable mais si on peut essayer pour voir, tant mieux si ça marche aussi chez d'autres !
Enfin, il faut savoir que bien entendu, certains éleveurs et bergers prennent des patous uniquement pour dire qu'ils en ont un et pour essayer de prouver qu'ils sont inutiles, en particulier lors d'une attaque d'ours, vous comprenez bien la mise en scène. J'ai même observé un patou attaché dans un enclos toute la journée ! (à côté de la cabane d'altitude).
J'imagine bien que certains ne seraient pas gênés de laisser leur patou s'approcher et refouler des randonneurs histoire de semer un peu la zizanie (genre l'ours nous emmerde car à cause de lui, il y a des patous...).
Cela dit, il ne faut pas nécessairement jeter la pierre au
berger qui était peut-être occuppé ailleurs avec ses brebis : le patou sert aussi à cela = voir ce que le berger ne peut pas voir (il n'a pas le même flair ni la même ouïe !). Cela vaut d'ailleurs surtout pour la nuit.
Et oui, cela transparait bien dans ces échanges : si on veut des Pyrénées vivantes et sauvages à la fois (ce qui est possible!), il va falloir accepter de vivre avec les patous et... les éleveurs et bergers qui ont des patous vont devoir veiller à ce que ces derniers soient correctement dressés pour ne pas agresser les randonneurs (je parle là encore d'agression physique avec morsure).
Je suis convaincu qu'un réel apprentissage est à faire, pour tout le monde.
J'oubliais :
Attention : quand les patous arrivent, ne surtout pas courir, ça peut déclencher (comme chez un prédateur) quelques réflexes agressifs ! Règle n°1 = garder son calme (facile à dire, je sais !).
Si le sujet vous intéresse, voici une étude remarquable sur le patou et l'élevage :
http://www.paysdelours.com/Dossiers/bro ... upeaux.pdfBonne lecture !