Ce dimanche 26 juillet, la Forcanada ou Mails des Puis, magnifique sommet très peu fréquenté en limite SW du Val d'Aran, est au programme de mon club. Ce n'est pas un 3000, mais par son allure, sa " classe ", la longueur et la difficulté de l'itinéraire d'accès, il dépasse largement bien de ses voisins plus titrés.
J'y suis déjà allée deux fois à partir de l'entrée nord du tunnel de Viella, en remontant longuement le très fleuri vallon du Riu Nere. Mais en ce beau dimanche ensoleillé, le copain qui mène la course préfère passer par l'Artiga de Lin. Cet itinéraire est décrit par Angulo comme " long et détourné, en raison de la difficulté d'accès à la crête " mais je l'approuve sans réserve car j'avais repéré le dimanche précédent quelques gros névés persistants dans le haut du Rio Néré et depuis mon séjour dans les Alpes, je suis comme Dinosaure, je me passe volontiers de la neige sous toutes ses formes.
Panne de réveil... nous ne démarrons qu'à 8h de l'Artiga (1440 m). Il fait très frais et le ciel est limpide. Un long plat d'abord, qui nous laisse entrevoir brièvement la " bête " puis une rude ascension sur un chemin bien tracé nous amène au plus grand des Estanhets des Pois (2550 m)
Moi, je lui trouve une sacrée classe à la Forcanada, des allures d'Ossau à trois gueules. OK, c'est un de mes chouchous montagnards, mais je sais qu'il ne laisse personne indifférent.
L'itinéraire contourne longuement la Forcanada par la droite (ouest) et, en 800 m de D+) doit nous conduire au col Alfred. Du col, nous descendrons ensuite dans le vallon du Rio Néré pour rattraper la fin de la voie connue.
250m de pierraille vite avalés pour atteindre le premier col et là , dilemme cornélien : passerons-nous à gauche (plus rapide, plus abrupt aussi, grand névé à l'ombre et barres...) ou à droite par le col des Aranesi.
Nous n'avons ni crampons ni piolet, même pas de bâtons pour moi, et les névés gelés, je n'aime vraiment mais vraiment plus.
Nous passerons donc par la droite, c'est plus long mais plus sûr.
Le col des Aranesi est rapidement atteint et la vue superbe se découvre : la Maladetta, les pics de la Mine et du Sauvegarde...
Nous partons à gauche pour démarrer le long, très long contournement de la Forcanada. La vallée de l'Escaleta qui monte du plan de l'Aiguallut dévoile progressivement ses jolis petits lacs :
Et cette butte de taupe là -bas, mais c'est un 3000, le Tuc de Molières (ou Mulleres) :
Pour éviter quelques névés pentus, nous allons suivre un cheminement chaotique trop haut perché. Dalles, rochers, éboulis, pierrailles plus ou moins stables, nous allons bouffer du caillou jusqu'à l'indigestion
Quelques fleurettes s'accrochent vaillamment dans ce décor (trop) minéral ; le glacier de l'Aneto nous parait bien malade :
A 13h 30, nous sommes tout près du col Alfred mais nous n'avons pas déjeuné, et il reste un sacré paquet de pierrailles à parcourir avant d'atteindre la brèche sous la Forcanada et de commencer l'escalade finale...
Rapide conciliabule, nous abandonnons la Forcanada. Mais le Cap deth Oro ou le Molières sont si proches...
La neige est ramollie, la progression est quand même plus rapide sur névés :
En une demi-heure le sommet du Molières est atteint.
Je ne suis pas déçue, je n'y étais jamais allée et le panorama est superbe sur le Russel, le massif de la Maladetta, les 3000 du Luchonnais, le Pic de Midi de Bigorre, le Maubermé, le Vallier... tous les sommets des Encantats ... le pic du Gar... et la Forcanada
(en rouge l'itinéraire que nous voulions suivre))
En passant plus près du thalweg et en marchant sur les névés, le retour sera beaucoup moins laborieux. Nous éviterons même le détour par le col des Aranesi en descendant par l'itinéraire évité à l'aller (quelques pas de désescalade exposés).
Dernière descente sur les Estahs de Pois
Dernier regard au " monstre " étincelant dans le soleil couchant (promis, nous te retrouverons en août))
et c'est après 11h 20 de course et 1600 m de D+ que nous retrouvons la voiture à l'Artiga de Lin. La Forcanada nous a échappé, mais quelle belle balade !!!