En lisant le reportage de la semaine dernière d'Igertu au Balaïtous je suis restée sans voix : pour entreprendre une telle bambée à la journée avec la route du Tech fermée, il faut avoir un petit grain de folie. Pour réussir, il faut ajouter le physique et le mental qui va avec. Il a fait un sacré truc, là ...
Déjà , avec la cheminée en bonnes conditions, c'est une sacrée entreprise. Mais à la vue des images du passage, ça prend une autre dimension.
Avec mon ami, qui habite Arrens au pied du Balaïtous, nous avions projeté d'y aller pendant ces vacances (nous avions fait le sommet de ma vallée, la pique d'Estats à ski cet hiver, il était donc logique d'aller faire de la même manière son sommet...bien que le sien se défende mieux que le mien...). La lecture du post d'Igertu a précipité les choses !
C'est donc sur ses traces que nous sommes partis dimanche. Mais comme nous n'avons pas son moral, nous sommes d'abord montés dormir au refuge Ledormeur, les sacs bien remplis... et les skis dessus jusqu'au pla de Labassa à 1750 m. Le brouillard s'étant densifié pile au moment d'arriver au refuge, on a mis un certain temps, altimètre en main pour le trouver...
Le refuge Ledormeur
Le pla de Labassa (la neige aura disparu en quelques heures)
Brève éclaircie le soir...
Deux espagnols nous ont rejoint, beaucoup moins chargés (c'est sûr, avec un seul piolet, pas de casque, le matos réduit à sa plus simple expression, et pas de réchaud...). Nous avons décidé de faire route commune le lendemain.
Le lundi, départ sous les étoiles, ciel bien dégagé et lever de soleil magnifique sous la brèche de las Néous.
Les traces d'Igertu ont disparu sous la neige tombée le samedi soir, et nous avons remonté des vallons tout blancs.
Sous la pointe de la Défaite, le Balaïtous apparait, avec sa cheminée au centre.
Les murailles plâtrées des arêtes de Costérillou prennent des allures majestueuses
Bientôt, le glacier de las Néous...
La tour de Costérillou, qui se souvient sans doute du passage d'un solitaire il y a peu, veille.
On monte, on monte, mais cette cheminée est plus loin que prévue !
Et tout à coup, nous voilà au sommet ! Je garde les photos de la cheminées (que j'ai faites à la descente, pour la fin, il faut savoir ménager son suspens !)
L'Ossau en majesté
Le Palas
La pena Telera
Et là , ça se corse... Je tente : Collarada et Pala de Ip ?
Encore pire : vers le pic d'Aspe ?
Les pics d'Enfer, le Garmo Negro, l'Argualas et l'Arnales
Le Vignemale, Gavarnie et la pyramide de la Grande Fache devant
Le lac du Tech tout en bas, d'où était parti Igertu : "incredible"
Le pic du Midi, et devant, le Grand Barbat (je ne suis pas certaine...)
Le Monné de Cauterêts devant le Montaigu
Quel panorama !
J'avoue, j'ai été émue là -haut, d'être sur ce sommet, de voir les montagnes autour...Arriver là nous a procuré une joie simple et rare.
Peut-être restait-il encore un peu de l'émotion qu'Igertu a dû ressentir en arrivant au sommet ? En tout cas, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ce montagnard inconnu, ce conquérant de l'inutile, qui a fait tous ces efforts, juste pour monter là et admirer ce paysage grandiose.
Pour la descente, nous avons fait cordes communes avec nos deux compagnons espagnols, ce qui nous a permis de faire d'abord deux grands rappels de 60 mètres (avec toutefois, de la descente à reculons pour atteindre des relais équipés, sangles et pitons).
Un peu de descente à reculons...
Puis nous avons fait deux rappels plus courts dans le bas au niveau du ressaut raide. On trouve plusieurs relais sur pitons.
Le ressaut que voilà , son placage de glace à 70° (plus fourni que sur les photos d'Igertu) avec sa corde fixe bleue et ses noeuds, que j'ai mousquetonnés sans vergogne pour m'assurer dans le passage ! Nous avions pris deux piolets traction chacun, ce qui nous a été bien utile. Nos compères espagnols les ont un peu regrettés, mais comme ils n'étaient pas manchots, ils sont passés quand même.
La cheminée telle qu'elle se présente en ce moment
La tour de Costérillou n'a pas bougé : c'est une vigie parfaite !
Du ski très correct à la descente, malgré une neige très ramollie et parfois profonde
Pour le retour, sur le sentier empierré, j'ai maudit les chaussures de ski "faites pour la descente qui montent bien et qui sont bien rigides"...
Voilà , c'était une course magnifique, dans un cadre grandiose, et je ne regrette pas d'avoir suivi les traces d'Igertu (j'en ai quand même trouvé quelques unes, pas complètement recouvertes, dans la cheminée !). Cette ascension restera comme l'une des plus belles de cette saison.