(....dans le pentu)
Chères téléspectactrices, chers téléspectateurs, bienvenus dans cette nouvelle édition de l'amour est dans le dré (dans le pentu) ! Au programme de cette soirée exceptionnelle, nous suivrons un couple que nous avons pu déjà croiser à plusieurs reprises dans notre émission, ainsi que dans l'émission de variété "Droit au but", je veux bien sûr parler de Yoch et Dédé. Souvenez-vous ainsi leurs aventures rocambolesques au sarrouyes (là aussi un épisode marquant de l'amour est dans le dré (dans le pentu)) ! Lors d'une précédente émission de "Droit au but", nos deux tourtereaux avaient visités la montagne d'Uishera, en lieu et place du Montlude. Vexés par cet échec, ils s'étaient jurés d'y revenir, bien décidés à venger l'affront.
Nos deux protagonistes se connaissent depuis longtemps, la connivence est évidente. Ainsi, Yoch, qui est au volant sur la piste partant de Vilamos, n'a presque pas dit un mot que Dédé est déjà descendu pour enlever la branche qui obstrue le passage. On sent aussi une confiance inébranlable dans la réaction du partenaire lorsque Dédé, à la quatrième brindille enlevée de la piste, dira "Non mais dit, tu veux pas que je bouche les ornières tant que tu y es ?" (ce à quoi Yoch ne dira pas non, d'ailleurs). De même, une fois arrivés au parking, Dédé rigolera de bon coeur lorsque Yoch s'exclamera "Oh merde, j'ai oublié la carte !". C'est le couple avec un grand C, où l'erreur est permise...Une leçon que devraient suivre nombre de couples frôlant la rupture sur la route des vacances, parce que "je t'avais bien dit qu'il fallait prendre à gauche !".
C'est ainsi que nous partîmes sans carte, mais avec les raquettes et les crampons, à la conquête du montlude. Le temps est nuageux.
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Au premier virage, stupeur : "Oh ben dis-donc Dédé, tu avais vu le panneau 'Montlude' la dernière fois ?" "Ah non, je pense qu'on avait dû continuer tout droit.". 200m plus loin, après avoir suivi le panneau, "Ah sisi, on avait dû prendre par là en fait, ca me dit quelque chose !". On peut donc en conclure, pour les annales de "Droit au but", qu'il n'en tient qu'à la chance qu'ils n'aient pas fini à l'Armeros la fois d'avant...
La montée à travers pentes raides et gispet (sommet à ne pas faire par là quand c'est ne serait-ce que modérément enneigé ou humide !) se poursuit, pour passer d'un étage à l'autre de la piste. Dédé et Yoch s'entraident, se nourrissent de cacahuètes, se couvent du regard, discutent traces d'animaux croisées ici et là , le col qu'ils avaient atteint la dernière fois, "Tu te souviens, c'était raide hein !". L'harmonie.
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(On aurait pu mettre des coeurs mais le graphiste est en vacances.)
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L'Aneto se découvre un court instant, on pourrait croire que le soleil va régner en maître le reste de la journée, qu'il va enfin faire chaud...parce que pour l'instant, quel froid de canard !
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Malheureusement, ca ne sera pas le cas, autant se balader dans un congélo.
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Après 2h de marche, arrivés à une altitude de 2100m, la question fatidique se pose : par où c'est ? Et là , pour le journaliste que je suis, la question fatidique se pose : le reportage va-t'il finir dans "Droit au but" ? On prend un itinéraire un peu bâtard, en ne contournant pas tout à fait un rognon rocheux, et on finit dans un vallon suspendu, magnifique au demeurant. Les dos se ploient un peu, la stature s'avachit. "Dédé, je pense que c'est mort, ca sent le but !". L'argumentaire de défense se prépare : "Bon, on aura qu'à dire que c'était un but météo !". On décide de monter à un col, juste pour voir si on est si loin que ca. Ce vallon est vraiment superbe.
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Au col, le mastodonte apparaît.
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...Mais pas que le mastodonte. L'itinéraire, tracé par un groupe qui revient du sommet, est plus montagnard que je ne l'aurais pensé. Les raquettes seront inutiles, on passe directement aux crampons ! Surtout quand Yoch rajoute "ah oui, on prendra le couloir qu'on voit à droite (sans traces, lui), j'ai lu un topo dessus, et puis avec la neige comme elle est là ca passera sans problème, 10cm de poudre sur une couche dure, ca sera plus court que par l'itinéraire normal qui fait un détour !". Il faudra 30 minutes pour que Yoch arrive enfin à enfiler ses crampons auto. Dédé, ayant l'habitude, n'essaiera pas de proposer son aide, il sait que ça ne fera qu'exacerber des tensions qui sont déjà très visibles, au vu du vocabulaire fleuri utilisé par Yoch...Cela dit, quelques fleurs ca apporte une touche de couleur bienvenue dans ce paysage n noir et blanc.
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Les crampons mis, nos deux compères partent d'un pas léger vers leur destin. Ce sommet, ils l'auront, même s'il est dans les nuages !
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Nous laisserons les témoignages en image de Yoch et Dédé là , la batterie de l'appareil photo ayant décidé qu'en dessous de 70% de charge, c'est comme si c'était 0% de charge...Le froid ne lui plait plus...Ils monteront vers leur olympe, non sans faire quelques pas de brasse coulée dans le couloir, car ses ressauts sont entièrement cachés par de la neige sans aucune cohésion...Même que Yoch aura dû sortir à plusieurs reprises l'argument : "Bon, on fait quoi ? On va quand même pas faire demi-tour maintenant pour prendre l'itinéraire normal, regardez, on est presque en haut, puis au-dessus ca sera mieux !", avant de replonger dans une vasque de neige jusqu'aux aisselles.
Le couloir franchi, nous arrivons à un replat duquel part l'arête sommitale, complètement dans le brouillard. Mon devoir de discrétion me pousse à laisser ce moment à Yoch et Dédé seuls, qu'ils puissent profiter de ces instants hors du temps qu'ils ont si hardemment désirés, pour lesquels ils ont tant donné...Nous ne saurons donc jamais ce qu'ils ont pu se dire au sommet, certainement des promesses d'autres moments partagés à venir, un bonheur simple...C'est à cela que je pense quand je les vois disparaître, happés par le nuage dense et les volutes de neige projetées par le fort vent qui souffle sur l'arête, qui feront qu'ils ne verront strictement rien et reviendront congelés, alors que du replat on voyait pas si mal !