Je me suis demandé si ce récit et les photos qui l'accompagnent ne seraient pas plus à leur place dans la partie "Préparations de vos randonnées". Car, finalement, à quoi sert de raconter son périple ? A remercier sur ce forum ceux qui vous ont aidé à le préparer, certainement. Mais au delà , lorsque le mauvais temps et le piètre photographe n'ont pas permis la réalisation de belles images, c'est peut-être pour les futurs candidats à la HRP que tout ceci peut servir...
Avertissement : Le lecteur pressé, s’il ne décide pas de passer de suite à un post moins bavard pourra utilement commencer sa lecture après l'avant-propos et le prologue, dès lors que je m’attacherai à vous conter ma « haute route ».Avant-propos
L’aventure de la HRP commence déjà , on le sait bien, avec le choix du parcours.
Le projet 2010 s'énonçait simplement : Reprendre où je m’étais interrompu à l’été 2009 et gagner l’Andorre, ou, à défaut, m’en rapprocher.
Mais où avais-je quitté la haute route ?
J’étais parvenu à la vallée de l’Ossoue en 2007. Mais, l’été 2009, j’avais effectué une sorte de grand huit qui, passant par Baysselance, rejoignait les Sarradets par le Pic Saint André, puis, de là , Goriz (et même Torla, mais c’est une autre histoire contée l'an passé). Ensuite, Pineta puis retour aux Espuguettes par la brèche de Tuquerouye.
Pineta ou Espuguettes, telle était l’hésitation de départ.
Pineta permettait de gagner Bielsa directement par le sentier qui suit la vallée avant de rejoindre Viados. Cela me semblait manquer d’ambition. De Pineta, je pouvais suivre le GR11 jusqu’à Parzan puis Viados. Mais alors, il fallait affronter piste et goudron. Certes, il y avait la voie choisie par Scal qui, quittant le GR11, avait par le chemin des mines qui surplombe le cirque de Barrosa, gagner le Port de Barroude et de là Rioumajou par les crêtes. Ce parcours me fascinait… mais m’inquiétait aussi : Je n’étais pas certain d’avoir le potentiel.
Si je partais des Espuguettes, je pouvais aussi, « tout simplement », suivre l’actuel topo et gagner Barroude en deux étapes avant, au choix, de plonger sur Parzan ou de prendre les crêtes vers Rioumajou.
Finalement, comme il n’avait pas fait beau en 2009 du côté d’Anisclo, je décidais de refaire cette portion, et, pour cela de partir des Sarradets, donc de Gavarnie. Après Goriz, le plan consistait à rejoindre Tuquerouye par les vires de Las Olas puis de Tormosa. Ensuite cap sur le Maillet, puis Barroude. Ensuite, abandonnant l’hypothèse Rioumajou, et attiré par le chemin des mines, je l’empruntais, gagnais la Liena puis descendait sur Parzan, acceptant le goudron puis la longue piste vers Viados.
Ensuite, la HRP classique par le nord : La Soula, le Portillon, La Renclusa, Espitau de Vielha, La Restanca puis un détour dans les Encantats par Amitges puis Mataro (une solution proposée par Gérard), puis cap vers l’Ariège, selon la proposition de Scal, par Airoto, Montgarri, et de là , gagner les Estagnous puis Salau avant de repasser au sud pour rejoindre Certascans et par Mounicou puis l’étang Fourcat, rejoindre l’Andorre. Tout cela si le mauvais temps ne me retarde pas.
C’est donc avec ce plan en tête que je faisais mes réservations dans les refuges.
En fait, les choses ne se sont pas passées du tout comme elles étaient prévues.
Prologue
Tout d’abord, avant de m’engager avec des chaussures neuves
(et pourtant si), je me suis dit qu’il me faudrait faire une petite boucle d’essai. Quelle petite boucle ? Et bien refaire par exemple cette étape entre Baysselance et les Sarradets par le Pic Saint André, étape où je n’avais pas trouvé le bon passage et où j’avais eu du mal à franchir une pente sur un schiste bien délité.
Une sorte de prologue en quelque sorte, avec un sac allégé.
Objectif atteint. J’ai trouvé un sentier, des cairns, frôlé le pic des Ligades et évité le schiste. Et puis les chaussures, avec un pied bien tenu, se sont avérées être de vrais chaussons.
Alors ce fut, de Gavarnie, le vrai départ, avec le sac bien plein.
La Haute Route
Premier jour, la montée au refuge des Sarradets par les échelles. Petite étape et beau temps. Le cirque est toujours aussi grand et les gâteaux du refuge aussi bons : « Vous êtes déjà venu en début de saison, je crois. » Euh, oui, en juillet, en vacances du côté de Luz, j’étais monté au Taillon et au retour, à l’heure du thé, avais dégusté quelques gâteaux. Je ne pensais pas avoir laissé un souvenir aussi vivace. Il faudra à l’avenir se montrer plus discret…
Deuxième jour, Goriz par la brèche, « les hauts de Gavarnie », la large vire sous le cylindre, l’étang glacé. J’avais pensé laisser le sac à l’étang et aller rendre visite au Mont Perdu. Mais j’ai dû marcher plus lentement que l’an passé… En fait, je me suis astreint à l’usage des crampons dès que je voyais de la neige un peu dure et pentue. Mais cela prend du temps de mettre et retirer ces engins. Et puis, j’étais peut-être parti un peu plus tard. Et puis, un doute terrible : Et si le gldn se faisait vieux et n’était plus très performant ? Bon, pour le Mont Perdu, c’est encore raté cette année.
La brèche... dont on ne se lasse pasLa brèche passée, en route vers le Pas des IsardsOn y arriveOn est estSur la vire, sous la Tour du MarboréLa vire s'élargit et le passage vers le haut du gradin supérieur apparait. On le repère par les deux traits obliques situés sur la photo très légèrement à droite sous le sommet du Cylindre du Marboré Il n'y a plus qu'à monter...Du gradin supérieur, peu après la Tour, le col de Goriz, la fin du canyon d'Ordessa, et, au dessus, la déchirure du canyon d'AniscloAprès le col de la cascade, en descente légère vers le passage permettant de gagner le grand entonnoir et de là , de prendre la large vire sur le flanc sud du CylindreDe l'étang glacé, le Mont Perdu et son accès le plus fréquentéTroisième jour, départ de Goriz et direction Tuquerouye par le col d’Anisclo. Dans la nuit, le temps s’est mis au gris, et même au gris foncé. Je me rapproche du col de Goriz en même temps que la pluie. Hop, le pantalon et la veste super pro achetés cet été. Avec cela, on reste super sec, sauf le sac et les chaussures, si la pluie insiste. Elle insiste et surtout l’orage vient lui tenir compagnie. J’hésite. Est-ce une bonne idée de poursuivre ? Finalement, je capitule (excès de prudence ?) et retourne au refuge. Ce sera forte pluie et orage jusqu’à dix heures.
Pendant ce temps, le refuge est pris d’assaut. Je constate à cette occasion que certains Randonnent dans les Pyrénées sans vêtement de pluie. Ils venaient d’Europe centrale. Alors, les Pyrénées, pour eux, c’est pas loin du sud marocain.
Nouveau départ à dix heures. Je pense alors que rejoindre Tuquerouye avant le soir peut être un peu juste. Enfin, on y va. Gris c’est gris. Quand je pense que je suis reparti de Gavarnie pour voir le canyon d’Anisclo par beau temps…
Arrivé aux passages avec chaînes, il ne fait vraiment pas beau et la roche, mouillée, dans sa partie blanche est très glissante. J’ai une pensée pour Elisabeth… et son chien qui sont passés dans l’autre sens. Je m’en amuse : « Ce qu’un chien a fait, un homme peut le faire. »
Cela passe bien mais par ce temps humide il faut faire attention et, n’ayant pas de grigriffes à mes papattes, je n’hésite pas à utiliser les chaînes.
Puis vint le col d’Anisclo et avec lui le retour de la pluie. Je décide de descendre sur Pineta et renonce à Tuquerouye. Ce sera ensuite l’alternance entre pluie (et je mets les vêtements de pluie) et éclaircies (fait chaud… et j’ôte les vêtements de pluie). Innocent, j’avais pensé que la descente serait plus facile dans sa deuxième partie après l’entrée sous les arbres. Un sentier sous les arbres, pensai-je alors, c’est sympa. Pas du tout. Il est étroit, pentu, avec de courts passages de désescalade, des branches qui, alors que la pluie s'est ponctuellement arrétée et que vous venez de retirer le haut, vous lâchent leur eau dès qu'on les touche, et surtout, suprême raffinement, des passages terreux et des racines. Et la terre, et plus encore les racines, mouillée, c’est la glissage assurée.
Bon, toujours vivant grâce à une descente ultra prudente donc ultra lente, j’arrive au refuge.
On n’entre pas avant cinq heures sauf pour commander une boisson à consommer dehors. Dans ces circonstances, le règlement est sévère.
Décision rapide, je renoue avec mes mauvais penchants. Direction le Parador. Je me vois déjà prenant un bon bain
puis un bon repas
avant de faire une bonne nuit… « Désolé Monsieur, nous sommes complets. » Et bien ça, c’est complet. J’ai un moment de mou.
Finalement je me ressaisis et, grand seigneur : « Réservez-moi un hôtel à Bielsa et commandez-moi un taxi. »
Le taxi et moi, nous ferons la route sous une pluie d’anthologie. A Bielsa, rues pavées et en pente. La rue s’est faite torrent. Une fois dans la chambre, je sèche, ne ressors pas et mange sur les vivres de course et au lit de bonne heure.
Du col de Goriz, sur le GR11, le regard vers la Punta de Las Olas et sa vire qu'il faut gagnerDe la vire, le canyon d'Anisclo : Mais quand le verrai-je sous le soleil...La vire se fait plus étroite et le col d'Anisclo apparaitLe tobogan sous la Punta de Las Olas où le chaîne est la bienvenuePas de transition entre la descente du (ou la montée au) col d'Anisclo et la vallée de PinetaQuatrième jour. Pluie toute la journée, avait annoncé la météo. Pluie il fait au réveil.
Cela dit, ma conception de la HRP fait que, comme je suis venu du Parador de Pineta en voiture, il me faut repartir du Parador et non de Bielsa.
Je revois mes plans : Je devrais ce matin être à Tuquerouye et ce soir au Maillet, et demain à Barroude. Partant de Pineta, aller au Maillet est possible par le col de la Munia mais, dans ce sens, et sous un tel déluge… Mais je peux aussi rejoindre directement Barroude par le col de la Robinera et la partie nord du chemin des mines. Et là je gagne une journée et me retrouve à Barroude dans les temps initialement prévu même si j’attends une journée que la pluie cesse.
Allo le Parador... Ce soir, il y a de la place ? Oui… C’est décidé, ce sera une journée de pause. Je préviens le Maillet que je n’y serai pas le soir.
Installé au Parador, pendant que les chaussures achèvent de sécher, je modifie mon plan. Puisque je vais rejoindre Barroude en empruntant la moitié nord du chemin des mines. Est-il toujours opportun de le refaire en entier, dans l’autre sens, le lendemain, et de redescendre ensuite sur Viados ? Et après deux jours de très fortes pluies en quasi continu, le chemin des mines dans sa partie sud n’est-il pas un choix osé ? Je décide alors de modifier la suite du parcours. Après Barroude, ce sera Rioumajou, par les crêtes.
Je contacte mon forum préféré. Flo64 vient de terminer une sortie au Pic de la Robinera. J’apprends que le Pic, venant du nord, ne relève pas de la randonnée. Bon, moi, c’est pas le pic, c’est le col. Je demande des renseignements sur la présence ou non de neige. La réponse arrive dans la soirée. Merci Flo64 : Le col est dégagé.
Je relis certains sujets du forum : Je vois que Dinosaure parle d’éboulis fuyants entre le col de la Munia et celui de la Robinera. Je retire aussi la conviction que le col est plein est, à la hauteur du lac le plus au nord.
Jim64 qui, avec Gérard, doit me rejoindre à La Renclusa, profite de mon passage sur le forum pour me demander s’il faut m’apporter quelque chose à La Renclusa. Non, merci, ça ira. Mais c’est sympa.
Cinquième jour. Départ du Parador après le célèbre buffet du matin dont j’avais négocié l’accès anticipé.
Montée au balcon de Larri par le GR11 puis, laissant le GR obliquer à droite, direction le fond du balcon. Là , ressaut. Le sentier n’est pas très marqué, je le perds, je fais demi tour et le retrouve. Manifestement, j’avais manqué d’attention dans la surveillance des cairns. Je ne dois pas être le seul à avoir fait l’erreur car la trace erronée est, au départ, mieux marquée que la bonne. C’est ainsi, si une erreur est probable, beaucoup la font et passent ainsi deux fois là où sur la bonne sente ils ne passeront qu’une fois. Et le mauvais sentier devient de plus en plus attirant.
La vision, dans mon dos, de l’ensemble constituée par le col d’Anisclo, le Soum de Ramond, le balcon de Pineta, le Mont Perdu, le Cylindre, est remarquable. Cela monte bien et voilà les lacs. Tiens, il y a quelqu’un sur le versant sud du Pic de la Robinera. Un lac, deux lacs. J’avance. Je dépasse le lac le plus au nord. La trace est bien cairnée mais pour moi elle conduit au col de la Munia. ET toujours pas de départ à droite, en plein est pour le col de la Robinera. Je m’impatiente et décide alors de monter directement plein est. Au début, c’est facile. Puis les éboulis deviennent fuyants. « C’est normal ; c’est ce que Dinosaure en disait. » La pente se raidit. Je décide de progresser par de petites barres plutôt que de rester sur les éboulis et, tiens, voilà le col, une sorte de brèche. Pas large. Et de l’autre côté, houlà , la descente est raide.
Paroi faite de plaques bien lisses et mouillées, en schiste, avec en prime des micro éclats un peu partout. « La voie du col au pic, c’est pas de la randonnée » avais-je retenu du post lu la veille. Effectivement. Je descends face à la paroi et doit remonter à plusieurs reprises pour trouver une voie jusqu'en bas, c'est-à -dire jusqu’à un névé pentu, dur (à l’ombre). Tiens ? Je croyais qu’ont pouvait éviter le névé dont la présence après le col m’avait été signalée… Finalement, après pas mal de temps et quelques passages où je n’en menais pas large, me demandant comment allais-je m’en sortir, j’arrive au ras du névé et mets les crampons dans une position inconfortable…
La difficulté passée, je retire les crampons et prends une pause alimentaire. Cela faisant, je m’étonne : Je n’ai vu aucune trace, aucun cairn, depuis que j’ai quitté le lac… Et je m’étonne encore plus de n’y penser que maintenant. Les Pyrénées ne sont pas une montagne vierge et le passage par le col de la Robinera ne doit pas être quelque chose d’exceptionnel… Donc, je ne suis probablement pas passé par le col. Je me dis que c’est une erreur de débutant et me jure de mieux utiliser ma tête à l’avenir. Si j’avais dérapé et m’étais fait mal, ce qui aurait été probable, il n’aurait pas fallu compter sur le passage d’autres randonneurs…
Pour en avoir le coeur net, je remonte vers le nord ouest et je découvre bientôt un large col. Probablement LE col me dis-je. Plutôt au nord est qu’à l’est de la pointe nord du lac. La gardienne du refuge de Barroude, le soir, confirmera : Le col de la Robinera est large et en descendre ne pose pas de difficulté.
Mais le temps se gâte, le soleil se cache, les nuages arrivent, plutôt noirs. Je descends plein est, trouve un sentier et même la mention sur une roche « Senda pirenaica ». Me voilà sur le dôme. Au sud le chemin des mines, très visible. Au nord, l’autre moitié du même chemin. Cela passe bien. Certains passages sont équipés de câbles mais certaines attaches sont rompues (que valent les autres ?) et un câble à quinze centimètres du sol est non seulement inutilisable mais représente une gêne. Tiens, une cascade et juste après un petit saut (vers le haut, de deux à trois mètres) et une roche où les prises sont plus que minces et là , à droite, ça descend fort et longtemps. Mais désormais rien ne résiste au gldn.
Le chemin s’achève. Le Port était là il y a encore un instant mais, fini, plus rien, le brouillard vient de déferler du col, venant de France. Il fait froid. Je suis le sentier. Je descends. Des intersections, je choisis la direction à la boussole. Et soudain le refuge est là , à quinze mètres.
Excellent accueil. La gardienne me semble seule. Personne d’autre ? Si, un papa gallois et sa fille. Je fais le malin et demande le sauna et la douche. C’est là , me montre la gardienne, à l’extérieur. J’y cours. Il fait pas chaud et l’eau est évidemment glacée, mais je prends néanmoins une douche. Je reviens au refuge. Etonnement : Vous avez vraiment pris une douche ? Il fait 4 degré dehors. Pas de problème…
Finalement, le super-randonneur-qui-ne-craind-pas-le-froid tremblera jusqu’au repas, malgré deux polaires et un bon 16 degré dans le refuge (je précise que je parle là de température).
Très agréable repas et non moins agréables discussions et vite, sous les couvertures.
Départ sur le GR11, à gauche de la chapelleDu dessus du Llanos de Larri, la muraille de Pineta avec le col d'Anisclo, à gauche, et celui de Las Olas, à droite, d'où l'on ne descend pasDu même endroit, les trois soeurs : Soum de Ramond, Mont perdu et Cylindre et en dessous le rebord du balcon de PinetaA l'approche du lac sud de la Munia, le Pic de la RobineraLe lac sud dépassé, regard vers le sud et le Collado de las PuertasLe deuxième lac après lequel je m'empresse de virer plein est un peu trop tôtEn route vers cette brèche que je prends pour le col, au pied nord du picDe la brèche du gldn (ça restera ?), le regard porte loin. Pudiquement, les trois soeurs se sont voilées de nuages. Plus bas, la cascade de Pineta et, devant, le lac nord de la Munia,Et voila, vu de l'est, le passage qui m'a posé quelques problèmesPas les marques rouges annoncées mais quelques cairns et cette inscription : J'ai retrouvé une voie fréquentée (plus ou moins)Du dôme, la partie sud du chemin des mines sous un ciel qui se fait menaçantDu dôme, la partie nord du chemin des minesSur le chemin des minesToujours le chemin des minesEncore quelques mètres et il n'y aura plus qu'à descendre vers le refugeLes rives d'un lac... Donc le refuge ne doit plus être loinPoli, le lac de Barroude se découvre un bref instant. C'est tout ce que j'en verraiSixième jour. La nuit a été marquée par quelques coups de vent. Ce matin, il fait 1 degré à l’extérieur selon la station météo située près du refuge. Le vent souffle très très fort. Le brouillard est toujours là (je croyais que le vent et le brouillard étaient incompatibles), enfin, le brouillard, c’est plutôt les nuages et qui se vident sous forme de neige bien glacée qui vous fouette le visage à vous faire mal.
Hésitation : Partira vers Rioumajou par les crêtes ou descendra vers Saint Lary.
Je ne vais pas encore modifier le programme. Je monte au col. On n’y voit pas mieux que la veille. Direction Port Vieux.
J’ai avec moi un relevé détaillé du chemin. Ce relevé, je l’ai établi en lisant la HRP « à l’envers » de Gérard. Quant il disait « ça monte et il faut prendre à droite », je notais ça descend et il faut prendre à gauche. C’est un bon exercice qui demande plus d’attention qu’il y parait. A un moment, il avait dû écrire « prendre le versant sud est », ou quelque chose comme cela ; emporté par mon élan, j’ai noté « prendre le versant nord ouest ». Et bien non, évidemment, là il ne fallait pas inverser. Au nord ouest, ce ne sont que des barres. Mais le brouillard se lève, je reviens sur mes pas et trouve sans mal le sentier sur le bon flanc.
Me voici à Port Vieux. Pause alimentaire.
A partir de ce moment, je ne retrouverai plus mes lunettes « blanches » de vue. Quel que soit le temps ou l’heure, je n’aurai à ma disposition que des lunettes de soleil (et de vue). L’étui a dû glisser du sac lorsque je prenais le casse croûte.
Au voisinage du soum de Barroude, le ciel s'ouvre sur la partie haute du cirque de Barrosa et la partie sud du chemin des mines apparaitEn route vers Port Vieux, un moment de bonne visibilité !Le temps s'améliore dans la descente vers port VieuxPort Vieux, là à quelques mètres, et la crête qu'il faudra suivre à flanc, comme l'a noté Gérard dans son compte rendu de HRP à l'enversL'étroit port de BielsaSeptième jour. Rioumajou-Viados. Il fait beau. Je cherche le sentier qui mène au Port de la Madera. Je pense le trouver. Tiens, il y a un petit panneau indicateur. Voyons. « Port du Plan ». Bon, ce n’est pas le bon col mais c’est la bonne direction ; il faudra simplement diverger plus loin. Plus loin je vois deux cols jumeaux ; je me dis : celui de gauche est le Port de Cauarère et celui de droite le Port de Madéra. Et, sûr de moi, je ne regarde pas la carte et je prends la direction de celui de gauche. Résultat, j’arrive au col et m’aperçois que celui de Cauarère était encore plus à gauche et qu’il aurait fallu obliquer sous le dernier mamelon (ou encore beaucoup plus tôt car il y a deux sentiers pour le même col. Mais cet autre sentier, je ne l’avais pas vu). Cela dit, cette erreur est cette fois sans gravité : Peu importe le col car la descente se fait par le même vallon.
Accueil très sympathique à Viados et douches chaudes. Vue magnifique sur les Posets.
Je ne connaissais pas ; j’avoue que le site est exceptionnel. Il faudra revenir.
Je fais la connaissance d’un randonneur allemand qui chaque été sillonne nos Pyrénées et alimente un site pour les faire découvrir chez lui. Cette année, il fait une HRP qui reste au sud de la chaîne.
L'Hospice de Rioumajou, où le randonneur trouve pour s'abriter un auvent et une salle nue mais propre, lors de mon passage Le port de Cauarère est à gauche. Avec une carte IGN, c'eut été clair. Ce n'est pas le cas avec la Rando édition au 1/50 000. Il aurait fallu franchir le ruisseau pour y aller directement. Mais on peut partir par un sentier en lacet à droite qui mène au Port de Plan puis, arrivé à un replat herbeux, le quitter et revenir vers le col...Quittant le sentier menant au port de Plan, je suis un sentier marqué de bleu et croit voir le Port de Cauarère à gauche et celui de Madera à droite. Je vise le gauche. C'était le port de Madera. Cauarère est encore plus à gauche.Le col atteint, en face, le BachimalaPassé le col, les sentiers venant de Madera ou de Cauarère se rejoignent. L'erreur est sans conséquenceBientôt, sur la droite, les PosetsArrivée sympa sur une vallée...... qui ne l'est pas moins. Regard vers le Nord et le Port de la PezDu refuge de Viados, les PosetsLe refuge de Viados... et, sur les marches, notre randonneur allemand amoureux des pyrénéesHuitième jour. Viados-La Soula par le Col d’Aygues-Tortes supérieur. A nouveau une belle journée. Pour la montée vers le faux col précédant les « mares espagnoles » avant le col, « Mon » Véron dit : « ne pas tarder à passer rive gauche ». Pour moi, on reste rive gauche sauf un très court moment, pendant la progression dans le ravin qui termine la montée. Mais la configuration du terrain ne permet pas de se tromper, il faut visiblement progresser dans le ravin, une progression que j’ai trouvé pénible : Terrain pentu et peu stable.
Descente agréable. Beaucoup de monde au refuge. Etrange refuge. Je me suis trouvé dans une ancienne cuisine avec évier… et trois lits. Douche chaude en sous-sol, ambiance entreprise des années cinquante (Ah bon, vous n’avez pas connu ?) mais bonne table et bon accueil.
De bon matin, les granges de ViadosArrivant au Port d'Aygues Tortes, dernier regard sur les PosetsDu col, regard vers le nord-est sur les lacs d'Aygues Tortes et une série de sommets bien connus de Thrawn Toujours du col, regard vers l'est et une série de sommets bien connus de Thrawn Le refuge de La SoulaNeuvième jour. La Soula-Le Portillon. Une grande étape. Pas de photo du lac de Caillauas. Je n’aime pas les lacs artificiels, c’est pas la nature qui les a fait. Je sais, cela n’a pas de rapport avec la beauté d’un site. Et ce n’est pas très cohérent puisque j’aime les vieilles bâtisses, les murets des champs ou des sentiers, les paysages ouverts par l’activité des hommes. Enfin, c’est comme ça, pas de photo. Et puis des lacs, il y en a d’autres…
Vers le col des Gourgs Blancs, je m’aventure un peu trop à droite et je me retrouve à devoir traverser en légère descente un névé pentu et à l’ombre. Je m’engage sans mettre les crampons. Mauvaise idée. C’est bien gelé. Je m’en sortirai en taillant des marches au piolet. Cela donne chaud et ça n’avance pas vite. Je me dis que désormais je n’hésiterai plus à chausser les crampons.
Passé le col des Gourgs Blancs, je repère celui du pluviomètre. Allez savoir pourquoi, je voyais la transition tranquille et légèrement vallonnée. Avec de la neige, peut-être. Mais là , de la neige, il en reste uniquement dans la montée au pluviomètre. La progression dans le chaos des roches est lente et fatigante. Je suis très en retard sur les temps du Véron. En soi, c’est sans importance mais manifestement les temps indiqués doivent correspondre à une traversée sur la neige. Ce n’est donc pas une bonne idée que de passer là en fin d’été pour l’éviter. Un enseignement de plus.
La montée au pluviomètre se fait avec crampons. On les ôte pour gagner la Tusse de Montarqué. Là , c’est large et plat, et le topo nous dit que le sentier qui descend au refuge est à l’est. Et bien, s’il existe un sentier à l’est, je ne l’ai pas trouvé. Le brouillard était là et pas de départ de sentier. Finalement, j’avance vers le nord et là je trouve un sentier, qui, certes, descend vers l’est…
Arrivée au refuge. Peu de monde. Bon accueil, douche chaude puis bonne bière.
Deux couples discutent de leur journée. On échange. Ils sont montés pour le week-end et ont fait quelques sommets. Et moi, d’où je viens. Où je vais. On passe à table.
Le gardien s’avance. Quelqu’un au téléphone ; ce doit être pour vous. Je suis surpris et, avec un peu d’inquiétude, prends le téléphone…
C’est Gérard qui veut vérifier où j’en suis car nous avons rendez-vous le lendemain à la Renclusa.
Retour à table. Regards mi inquiets mi interrogateurs. Je crois utile de préciser : « c’était un ami qui voulait vérifier… » et je dis que nous avions fait connaissance à travers un forum. Et là , un des randonneurs me demande « Pyrénées team ? » Euh, oui. « Vous êtes Gldn ? » Euh, oui.
C’était Sagarmatha qui avait suivi sur le site les échanges précédant mon départ et qui depuis l’après-midi hésitait à me demander si je ne serais pas…
De retour en ville, Sagarmatha précisera sur le forum « Le gldn est en vie » dans la rubrique discussion, et joindra une photo prise le lendemain matin. Ce sera heureusement toujours le cas à l’heure où le post sera mis en ligne !
Finalement, ce forum, c’est vraiment bien, vous ne trouvez pas ?
Regard arrière vers le lac des IsclotsDu déversoir du lac du Milieu, la montée aux Gourgs Blancs à droite et, au centre, le Gourdon, un 3000 débonnaireRegard arrière vers les lacs. Dans le lointain, le Pic du Midi de BigorreSur les restes du glacier des Gourgs Blancs... un randonneur (si, si, mais il faut le chercher) pour donner une idée de l'échelleToujours les restes, toujours en regard arrièreDu col des Gourgs Blancs, le Seil de la BaqueDu col, regard vers le col du Pluviomètre où il faut aller...... et vers le Lac Glacé ou Lac du Port d'Oô, sous la Tusse de Montarqué.En route vers le col du PluviomètreLe pluviomètre, que l'on laisse plus haut sur la gauchePassé le col, le lac du Portillon et, en haut, de gauche à droite, le Pic des Crabioules, le Col Inférieur de Litérole, le Pic Royo, le Col Supérieure de Litérole, le PerdiguèreDe la montée à la Tusse de Montarqué, le Pic Jean Arlaud et le Pic des Gourds Blancs, à l'ouest-sud-ouest, et devant, le Lac GlacéLe pluviomètre et, derrière, plus au gauche, le Pic Audoubert puis le Cap de la BaqueLes nuages se retirent et le refuge Jean Arlaud (refuge du Portillon) apparaitDixième jour. Le Portillon-La Renclusa. Une autre grande étape.
Séance matinale de photo avec Sagamartha. Les deux couples plongent dans la mer de nuages qui stagne sur le Luchonais à quelques dizaines de mètres du refuge. Mais, au dessus, le beau temps est là . On y va.
La montée est raide et le final, de bon matin, exige les crampons.
Le col inférieur de Litérole, ouvre sur une belle descente. La marche est haute et un bon névé se chauffe au soleil… mais la neige est encore très dure et c’est la première fois que j’affronte une pente aussi raide.
Un couple d’anglais me rejoint. Ils avaient passé la nuit au refuge et suivaient eux aussi la haute route. Ils m’avaient expliqué qu’ils étaient passés par Viados puis La Soula mais sans respecter les étapes car ils avaient bivouaqué. Ils n’avaient pas de crampons, s’étaient aidés de mes traces mais là , pour la descente, je ne voyais pas ce que je pouvais faire pour eux.
Finalement, je m’engage en me souvenant de ce que j’avais retenu des conseils de Gérard et de Nauleck, avec lesquels j’avais en juillet fait une balade sympa du côté du refuge Packe. Donc, rester face à la pente et ne pas, sous prétexte que ça descend, ne planter que le talon. J’espérais avoir bien compris. Ce n’est peut-être pas le cas mais ça fonctionne. Me voilà en bas. Je me retourne. Les anglais discutent ferme. La dame s'est assise sur les rochers et le monsieur semble vouloir descendre en glissade.
En bas du névé, alors que la pente est encore bien raide, des rochers laissent présumer un accueil plutôt rugueux. Je leur fais signe que non et montre les rochers.
Finalement, ils descendront très lentement. L’homme passe devant en faisant des marches. Je m’éloigne, passe le premier lac encore largement gelé puis, m’éloignant du second, gagne la crête séparant les vallons de Literola (nous sommes en Aragon) et de Remune. Mais je ne me résous pas à basculer avant de vérifier que mes anglais ont achevé la descente.
Je rentabilise l’arrêt par une pause casse-croûte.
Les anglais quittent la neige et je reprends la route. Je ne les reverrai plus. Après ce passage qu’ils n’ont pas dû apprécier, ont-ils décidé de descendre le vallon de Literole ? Ont-ils continué comme moi par le vallon de Remune, mais sans aller ensuite jusqu’à la Renclusa ?
La vallée de Remune est bien agréable, mais longue. Alors qu’elle se termine et que je débouche sur un plat, fatigue ou relâchement de la vigilance, mon pied roule sur une pierre. Je ne me rattrape pas et voila une superbe figure de style… Rien de cassé mais la main saigne assez abondamment.
Je maudis les doses d'anticoagulant que la médicine me recommande de prendre depuis cette intervention sur le cœur qui m’avait fait craindre en 2008 de ne pouvoir remarcher en montagne.
Voici l’Hospital de Benasque. Il commence à se faire tard et je me serais bien arrêté lÃ
mais le rendez-vous avec Gérard et Jim64 est à la Renclusa. Ils doivent venir de France, par le Port de Vénasque. Je vais peut-être les rencontrer avant le refuge. Profitant du plat, j’attaque le gigantesque sandwich confectionné par le gardien du Portillon. Le plat est fini, mais pas le sandwich. C’est pas facile de conserver son souffle tout en mangeant. L’allure se ralentit nettement. Nouveau plat, arrivée du chemin venant de France. Je scrute. Pas de Gérard ni de Jim64. Et voici l’ultime montée au refuge. On me fait signe du haut. C’est Gérard. « On était un peu inquiet de ne pas te voir arriver ». Effectivement, il est maintenant 18 heures 30. Cela fait près de onze heures que j'ai quitté le Portillon.
Le Gldn n’a rien d’une mobylette pour reprendre l’expression en vogue sur notre forum.
Installation, douche et à table. Waouh ! Ils ne sont pas venus les mains vides les amis. Foie gras et Jurançon.
Evidemment, nous faisons des envieux. Et nos voisins sympathisent facilement avec nous. Grands seigneurs, nous leur laissons un fond de foie gras. Et oui, les français sont comme ça, les princes de l’Europe.
De la montée au Col Inférieur de Litérole, un regard au Lac du Portillon et à son refuge, et plus haut, au centre, au couple formé du Pic des Gourgs Blancs et du Pic Jean Arlaud...Un dernier regard vers le Portillon...Du col inférieur de Litérole, le vallon et les lacs du même nomNos amis anglais achèvent la partie sensible de la descente du col de LiteroleLe vallon de Remune où il faut descendreDernier regard sur le vallon de Lliterola (Aragon oblige) et le col du même nom. Le Pic Royo sur sa gaucheLe cirque de Remune, début du vallonCette cascade figure dans la dernière édition du Véron. Elle m'intriguait de part sa formeLe massif de la Maladeta apparaitUn bien beau vallon que ce valle de RemuneEt voici l'Hospital de BenasqueLe Plan del EspitalOnzième jour. La Renclusa-Espitau de Vielha. Gérard et Jim64 sont venus pour cela, m’accompagner jusqu’au franchissement du Coret de Molieres. Petit déj et c’est parti. Enfin, pas vraiment…
Je saisis mon sac et mince, je l’avais posé dans une mare d’eau, le fond est trempé. Jim64 me suggère : C’est pas ton outre (vous savez, le machin avec pipette très pratique pour boire, sauf qu’on ne sait jamais ce qu’il reste en réserve) qui s’est percée ? Manquerait plus que ça. Elle s’est jamais percée mon outre. Alors pourquoi ce matin ? Ben si, c’est ça et tout le sac est imbibé d’eau.
Chacun s’affaire. Je sauve les cartes et tord un peu de linge. Jim64 trouve une bouteille vide en plastique pour la réserve d’eau. Bon, cette fois on part. Il fait frais et le sac me mouille les reins. Je me fais chambrer : « Il est bien ton sac auto réfrigérant. »
Je crains de ne pas avoir une allure assez rapide et ils ont prévu d’accomplir tout un programme après m’avoir mis sur la bonne route. Je m’en inquiète : « Non, ça va, c’est bon. »
Nous sommes maintenant sur les pentes du Pic de Molieres. Le col direct ou le pic. Le pic évidemment. Nous visons sur la droite et atteignons une crête poussant vers Sallenque. Nous sommes à l’abri du vent et décidons de faire la pause repas. Jim64 en profite pour me faire un pansement car la blessure de la veille est parfaite pour récupérer tous les petits grains de roche auxquels on ne fait pas attention en d’autres circonstances.
Plus que quelques mètres et nous sommes au sommet. C’est un des 212 « 3000 » recensés. Pour moi, ce n'est que le troisième. Nous sommes à 3010 et le regard porte loin. De l’Aneto aux Encantats. Gérard fait un panoramique. Il le publiera sur le site.
Descente au nord vers le col voisin. Effectivement, là aussi, comme pour Litérole, il y a une marche. Mais là , c’est du rocher. Repérage des lieux pour trouver le bon endroit pour descendre. Je me prépare à quitter les deux amis. Mais, bien plus expérimentés, ils ne veulent pas laisser le gldn tenter le diable bien qu’il assure vaillamment qu’il n’y a pas de problème.
Ils préparent une corde. Première et modeste expérience de descente encordé. Pas d’incident. Je suis en bas du passage raide. La corde remonte. Nous nous saluons et nous séparons. C’est vraiment agréable de se retrouver pour un bout de chemin en cours de traversée. Encore merci les gars.
Je pense en les quittant qu'il commence à se faire tard et qu'ils vont sans doute devoir écourter leur programme. J'ai quand même dû les retarder un peu.
La descente vers l’Espitau de Vielha est plutôt longue alors que l’on voit le refuge depuis le Pic de Molieres. Je me sens un peu seul.
Et au refuge aussi. Tout seul dans le grand dortoir. Cela me convient mais je m’enquiert : « Et vous me faites plus hôtel ? ». « Non, nous n’avons pas le droit depuis qu’un hôtel s’est installé plus bas ». Du moins, c’est ce que j’ai compris. Le repas est peu copieux pour un randonneur, alors je complète avec quelques amandes (mon alimentation miracle).
Dans le vallon du Riu de l'Escaleta, Gérad et Jim64 procèdent à un échange d'expériences Regard arrière. La pente s'est faite plus raide quoique régulièreVers le Pic de Molières, une progression facile du des roches usées par la glace aujourd'hui disparueOui Gérard, c'est là , à l'abri du vent, que nous allons festoyerL'arrivée au Pic de Molières. Gérard cherche le bon endroit pour fixer un panoramiqueDu pic, l'AnetoL'Aneto toujoursLe vallon de MolièresDescendre un peu pour atteindre le Coret... et trouver le bon endroit pour descendre dans le vallonMerci encore et au revoir Une bonne nuit. Il fait beau mais ma bouteille plastique ne m’inspire pas confiance pour les journées qui vont venir. Me voilà parti rejoindre Vielha et faire quelques achats. Ce sera une journée de repos que je me suis reproché lorsque j’ai appris que la météo devait se gâter le lendemain.
Treizième jour mais onzième étape. Espitau de Vielha-La Restanca. La météo annonce la pluie. Le départ se fait sous le gris mais le Port puis le lac de Rius sont atteints et dépassés sans la moindre goutte. Je snobe le GR11 et reste sur la HRP. L'estany Tort est à moitié vidé et voici le Colhada de Lac de Mar. Vue inoubliable par beau temps, dit mon édition du Véron. Il ne fait ni beau ni chaud et le vent se met de la partie, mais c'est beau. Pose casse croûte. Mais le vent forcit et les nuages virent à l'encre. J'écourte la pause et descend. Rapidement je suis sur de la terre. Il ne pleut pas encore. Le sol est mouillé mais cela ne glisse pas trop. Je dépasse la plage à l'extrémité sud ouest du lac, qui par beau temps doit être tentante. Et voila la pluie. J'interromps le cheminement le long du lac et m'équipe des vêtements de pluie. Et ça repart, sans grande visibilité. Voici le goulet puis la plongée sur le Lac de la Restanca et le refuge.
Installation, douche... et voilà mon allemand de Viados qui arrive.
Je ne comprends pas tout. Il est là car il n'a pas trouvé "le passage" et avec ce temps, il n'a pas insisté. Moi, j'insiste : "Quel passage ?". De l'Aranais (ou du catalan ?) prononcé par un allemand qui fait des efforts pour me parler anglais... je capitule et m'en tiens à l'évidence : Nous avons marché sur des itinéraires différents depuis 6 jours et nous nous retrouvons. Ferons nous désormais route commune ? Non, il vise directement Alos de Isil et moi je vais à Amitges. Du moins, à ce moment, je le crois encore.
Le refuge s’anime. Une femme arrive, la tête bandée et la bande souillée de sang. Une arcade, bien ouverte, pend sur l'oeil.
Son compagnon transporte un très jeune enfant. Tout le monde est trempée. La femme a glissé sur une racine mouillée par la pluie qui ne s’est jamais arrêtée. Saloperie de racine. Le gardien apprécie la blessure, parle évacuation et hélico. Refus de notre blessée. Insistance. Nouveau refus. Arguments… Finalement c’est d’accord. L’hélicoptère arrive assez rapidement. Négociation : On n’évacue que la blessée ; c’est la réglementation. Mais le petit, il va redescendre sur le dos du père sous la pluie battante jusqu’à Arties ? Les Bomberos cèdent.
L’enfant embarque avec la mère et le père s’élance sur le sentier d’Arties, et on passe à table.
De la montée au Port de Rius, le vallon de MolièresPassé le port, le Lac de RiusToujours le Lac de RiusVers le déversoir du Lac de RiusLe Lac Tort de Rius a perdu beaucoup de son eauDu Colhada de Lac de Mar, le chemin parcouru depuis le Lac de RiusDu col, le Lac de MarBordant au sud est le Lac de Mar, la Serra Tumeneia qui monte vers le Besiberi NordLa "plage" du lac de MarPassé le déversoir du Lac de Mar, le sentier chute vers le refuge de la Restanca......refuge qui bientôt apparaitQuatorzième jour. Il a plu une bonne partie de la nuit et le refuge est dans les nuages.
Fait-il beau plus haut ? Le gardien anéantit tout espoir.
Non, la météo est formelle et son expérience aussi. Parti comme c’est, c’est au moins deux jours de mauvais. Bon, tant pis. Pour l’heure, le brouillard mouille mais la pluie s'est arrêtée. En avant pour Amitges, enfin, d’abord pour Colomers par le Port de Caldes. Montée dans la brume. Passé le Port de Goellicrestada, plusieurs sentiers, aucune visibilité, boussole en main, je tâtonne pour trouver le chemin vers le Port de Caldes. Finalement, j’y arrive. Petite éclaircie, on voit bientôt le Lac de Colomers. Je laisse le nouveau refuge sur la droite et vais m’installer sur la terrasse de l’ancien pour la pause repas.
Curieux emplacement que celui choisi pour le nouveau refuge. Les soirs où il fait beau, le soleil ne doit pas être là longtemps et pourtant une grande terrasse a été aménagée.
Pause terminée, je repars mais la pluie et le brouillard décident de m’accompagner. On ne voit quasi rien ; Il faut dire qu’avec pour seule lunettes de vue mes lunettes de soleil, je ne suis pas avantagé. Au moins deux jours comme ça, au moins… Je repense aux paroles du gardien. J’aurais peut-être pas dû, la détermination à garder le cap faiblit. Je commence à me dire qu’il serait plus sage de descendre à Salardu. Mais une dizaine de kilomètres de goudron, ça ne me tente pas non plus. Et si le temps venait à se dégager ? Je décide de prendre la direction de Saboredo. Si le mauvais temps continue, je descendrai sur Salardu par le GR 211-4, mais si cela s’améliore, je pourrai repartir vers Amitges.
Il n’y aura pas d’amélioration, alors cap sur Salardu. Ce sera long, très long et sous une pluie battante en permanence. Je préviens Amitges que je n’y passerai pas. L’eau finit par mouiller les chaussures, et les cartes, et le sac. Mais le reste est au sec. A Salardu, J’ai cru lire qu’il y avait 17 kilomètres depuis Saboredo. Mais, à ce moment, il faisait nuit et sous la pluie… Cela fait néanmoins, et dans les conditions du jour, une étape d’enfer. A l’arrivé, à la différence du ciel, après une telle journée, mon objectif est clair. Un hôtel et un jour de repos et séchage.
A Salardu je consulte des cartes. Des alpina au 1/25000 qui pour certaines m’apparaissent bien plus précises que celles que je connaissais jusqu’alors et où ne figuraient que les courbes de niveau et aucune indication sur la nature du terrain. Apparemment, on peut éviter le goudron lorsqu'on descend directement de Colomers sur Salardu. On peut en effet prendre un chemin à Banhs de Tredos, un chemin qui, en gros, plein nord, rejoint le GR211-4 que je viens d'emprunter et qui, lui, suit la vallée de l’Arriu de Ruda.
L'un des lacs de Colomers : L'estanh MortLe barrage du Lac Major de Colomers et l'ancien refugeLe nouveau refugeLe brouillard revient et la pluie avec luiLe Lac de Cloto de BaishQuinzième jour, repos. Super hôtel, et pas cher : Des tarifs hors saison imbattables si on les compare au côté français. Tiens, on est le 18 septembre. C’est mon anniversaire.
Un bon repas s’impose.
Seizième jour mais seulement treizième étape. Désormais à Salardu, plus question de Mataro, d’Airoto. Le super mix des parcours de Gérard et de Scal, ce sera pour une autre fois.
L’objectif, c’est directement Montgarri par le GR 211. Et malgré ma troisième journée d’arrêt je me retrouve dans les temps définis au départ.
Je ne suis pas sorti de Salardu que devant moi… mon allemand. Il ne devrait pas être là mais avec le mauvais temps, il a fait à peu près comme moi mais a choisi de dormir en refuge. Un vrai sportif, pas un randonneur de luxe avide de confort comme ce gldn.
Sources de la Garonne (enfin, une des sources), on échange nos coordonnées, on se sépare, il rejoint Alos de Isil. Quelques dizaines de mètres plus loin, les sources de la (?) Noguera Palloresa. Pour la Garonne, c’est direction l’Atlantique (ça c’est pour les nuls en géographie) et pour l’autre la méditerranée. Je suis donc sur la ligne de partage des eaux.
Plus loin, un véritable chemin a été viabilisé pour les VTC. Et beaucoup de cyclistes l’empruntent. Pas agréable. Un sentier s’étire un peu plus haut sur la gauche ; je l’emprunte. Il s’écarte un peu et arrivé à l’orée d’un bois, un ruban coupe le chemin. Discipliné, je suis le ruban mais cela m’éloigne de plus en plus. Alors je le franchis et me voilà hors sentier traversant le bois en descendant progressivement. Je vais retrouver le sentier me dis-je… Des éclats de voix, lointains puis une détonation, puis une autre… Du gros calibre. Gros calibre ? Sanglier ? Battue au sanglier ? Je file en scrutant les sous-bois. Finalement le gldn ne sera pas pris pour un sanglier. A Montgarri, on me confirmera la battue en me disant que des veilleurs devraient être postés pour prévenir les randonneurs mais nous sommes en septembre et les randonneurs, même le dimanche, sont moins nombreux. Et puis, les chasseurs du coin ont la réputation de ne pas s'embarasser des randonneurs.
Montgarri. Ah Montgarri... Ce qu’on y mange bien. Et on y dort tranquille : deux randonneurs ce dimanche soir, et logés dans des dortoirs différents…
Sur le GR211, au dessus de Salardu. Le mauvais temps des trois jours précédents semble avoir blanchi l'AnetoArrivée à Montgarri où l'on retrouve la pisteMontgarriFIN DE LA PREMIERE PARTIE
"Ah bon, c'est pas encore fini, il y a une suite ?" Euh oui, je n'ai pas pu tout inclure dans ce message car on ne peut écrire plus de 60 000 caractères