Hautes-Pyrénées
- Les pêcheurs alevinent les lacs et les rivières de
haute montagne à l'aide d'un hélicoptère.
Dans un vrombissement assourdissant, un hélicoptère
Lama décolle du plateau du Cayan, à proximité
du Pont-d'Espagne. L'appareil longe ensuite les parois des montagnes
pour profiter des courants ascendants avant de disparaître derrière
une crête, emportant un chargement atypique. Il s'agit d'alevins
de truites, d'ombles, de cristivomers et de saumons, nés en
pisciculture et qui finiront leur croissance dans les lacs et les
rivières de haute montagne.
Cette grande campagne d'alevinage, qui concerne chaque été
la moitié des lacs de montagne, est menée par la fédération
de pêche des Hautes-Pyrénées. Elle maintient ainsi
la population des salmonidés dans les plans d'eau d'altitude,
pour le plus grand plaisir des pêcheurs. " Sans nous,
il n'y aurait plus de poissons dans beaucoup de lacs, notamment ceux
où il n'y a pas de frayères ", estime Jacques
Ducos, vice-président de la fédération départementale
de pêche. Et la pratique est ancienne, " ça existe
depuis très longtemps, avant, c'était les bergers espagnols
qui le faisait occasionnellement ", explique Jean-Pierre
Bel, qui travaille à la pisciculture de Cauterets.
Depuis les bergers espagnols d'antan, les méthodes d'alevinage
se sont considérablement modernisées. Aujourd'hui, l'hélicoptère
permet de transporter des charges importantes vers des sites inaccessibles
autrement qu'à pied, cependant, l'opération reste délicate.
Pour les alevins d'abord, qui doivent résister au transport.
Ainsi, les jeunes poissons sont emmenés en camionnettes,
dans des cuves et des bacs oxygénés, jusqu'au site
de départ. Précautionneusement transféré
dans les paniers métalliques de part et d'autre de l'hélicoptère,
le chargement - plusieurs milliers d'alevins - continue d'être
oxygéné grâce à une bouteille embarquée
à bord.
Le pilote peut alors décoller, guidé par un membre
de la fédération départementale de pêche
ou du conseil supérieur de la pêche. " Il n'y
a pas de difficulté majeure aujourd'hui, sinon le soleil
qu'on a parfois de face. De toute façon, le Lama est spécialement
conçu pour le vol en montagne. C'est un appareil très
puissant: il consomme 200 l par heure, c'est une véritable
grue qui peut soulever jusqu'à 1.100 kg au niveau de la mer.
Et ce qu'on transporte aujourd'hui est très léger
", assure Loïc Jégou, le pilote de la société
Héli SAF.
Sitôt posé sur les berges du lac, les pêcheurs
embarqués (trois à quatre) libèrent les alevins,
" qui ne sont en aucun cas jetés de l'hélicoptère
", précise Jacques Ducos. Puis, sans perdre une minute,
l'appareil reprend les airs suivant le plan de vol établi.
Dans la journée de mercredi, l'hélicoptère
aura effectué sept à huit rotations entre le plateau
du Cayan et les lacs des vallées d'Arrens, de Cauterets,
de Luz et de Gavarnie, soit près d'une cinquantaine de plans
d'eau.
Au total, la fédération départementale de
pêche des Hautes-Pyrénées compte repeupler,
durant l'été, 125 lacs avec environ 300.000 alevins.
Malheureusement, la campagne d'alevinage a pris du retard à
cause des caprices du ciel : " On est tributaire du temps,
il y a des conditions de sécurité en vol à
respecter. D'habitude, ça dure une semaine et on termine,
au plus tard, début août ", explique Jacques
Ducos. Seules deux journées ont été propices,
et l'opération, qui coûte tout de même près
de 55.000 €, risque d'être morcelée tout au long
du mois d'août.
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