A force d'innovations régulières, le ski de randonnée
prend au fil des ans un nouveau visage. Ainsi, des deux principales
catégories "traditionnelles", communément
admises (ski-alpinisme de compétition, randonneur classique),
nous sommes actuellement arrivés à trois pratiques
relativement distinctes :
- La rando classique, où le plaisir de la montée est
égal à celui de la descente ; c'est le ski de rando
de nos aïeux, celui des "cafistes" ou du montagnard
traditionnel.
- Le ski-alpinisme de compétition, où le skieur n'envisage
une sortie que pour exploser le chrono et qui ne dédaigne
pas de participer à quelques courses grâce à
un matériel ultra léger et technique.
- La rando-freeride, où le plaisir de la descente prend le
pas sur les besoins de la montée. Une pratique qui s'affirme
de plus en plus aujourd'hui (non pas qu'elle n'existait pas auparavant
mais la médiatisation actuelle de cette pratique et l'effet
de masse engendré lui donne aujourd'hui la position économique
nécessaire à la conception de nouveaux outils).
Une chose est certaine, depuis trois ou quatre ans, l'arrivée
de matériel nouveau a modifié les pratiques (à
moins que ce ne soit l'inverse !). Si l'on considère les
fixations et chaussures puisque c'est notre sujet, on peut être
franchement étonné en comparant les différences
qui peuvent exister entre le matériel d'aujourd'hui et celui
qui tourne encore aux pieds de certains traditionalistes. Il faut
s'y faire, en rando, comme dans le ski en général,
il y a un avant et un après. L'avant serait les fixations
type usines à gaz, dont l'origine (le cerveau d'un génial
bricoleur) ne fait aucun doute tant l'ensemble vibre, grince, casse
parfois malgré un poids phénoménal. Pièces
empruntées à d'autres systèmes, vis plus ou
moins bien fixées, mode d'emploi abscons, déclenchements
de sécurité résumés à la plus
simple expression, bref, on avait finalement une confiance toute
relative dans ces fixations qui s'apparentaient à des étriers
simplistes. L'un n'allant pas sans l'autre, il y avait aussi des
chaussures dans lesquelles on souffrait le martyr. Là encore,
l'origine de ces modèles tient plus des chaussures de marche
conçues pour monter que des modèles prévus
pour glisser en descente. C'est, entre autres, la raison pour laquelle
on a vu des générations de randonneurs, descendre
des pentes somptueuses en conversions alors qu'une petite godille
ou des grandes courbes auraient été si bien senti!
Si certains persistent encore avec un matériel antédiluvien,
d'autres ont vite compris le plaisir que l'on pouvait éprouver
à évoluer avec du matériel actuel.
Cassons le porte-monnaie...
Des skis légers et plus larges sont apparus. Ils permettent
d'évoluer en toutes neiges tous terrains sans souci grâce
à une portance générale accrue et des lignes
de cotes taillées (paraboliques). On peut ainsi descendre
plus vite, tourner plus facilement, s'amuser en neige profonde et
ne pas prier tous les saints en neige aoûtée.
Les chaussures qui transmettent les impulsions du skieur se devaient
d'être plus précises, plus proches du pied pour un
véritable pilotage. On est bien loin des coques très
larges dans lesquelles le pied flottait et n'était guère
tenu en appui talon par une hauteur de tige dérisoire. Non,
sur les nouveaux modèles (Nordica TR 12, Dynafit TLT 4, Lowa,
Struktura, Scarpa, Laser), les cartes de la précision et
du confort ont été abattues.
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